La police kényane a annoncé mercredi 17 juillet qu’« aucune manifestation » ne serait autorisée dans le centre de la capitale Nairobi, à la suite de manifestations antigouvernementales meurtrières. « Aucune manifestation ne sera autorisée dans le quartier central des affaires de Nairobi et ses environs jusqu’à nouvel ordre afin de garantir la sécurité », a déclaré Douglas Kanja, chef par intérim de la police nationale, dans un communiqué publié mercredi en fin de journée.
Le communiqué de la police précise que la décision a été prise après que la police a reçu « des informations crédibles selon lesquelles des groupes criminels organisés prévoient de tirer profit des manifestations en cours ».
Le Kenya a été secoué par des rassemblements initialement pacifiques déclenchés par des hausses d’impôts désormais abandonnées, qui ont dégénéré en violences faisant des dizaines de morts, selon un groupe de défense des droits financé par l’Etat.
Au moins cinquante morts depuis mi-juin
Le président William Ruto s’est efforcé de calmer la situation, en abandonnant le projet de loi de finances contenant les augmentations d’impôts, en limogeant son cabinet et en promettant des réductions d’effectifs au sein du gouvernement.
Mais les rassemblements, bien que moins importants qu’au mois de juin, se sont poursuivis dans tout le pays et nombreux sont ceux qui appellent encore le dirigeant kényan à démissionner. Le quartier des affaires de Nairobi a été l’épicentre de nombreuses manifestations dans la ville et des appels à manifester et à marcher sur le Parlement jeudi avaient été lancés.
L’annonce de la police intervient après des manifestations de moindre ampleur qui se sont déroulées en début de semaine et qui ont été accueillies par une forte présence policière. Dans le centre de Nairobi, des policiers ont eu recours au gaz lacrymogène.
Depuis le début des manifestations le 18 juin, au moins cinquante personnes ont été tuées, a affirmé mardi la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), organe officiel mais indépendant. Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, ont accusé la police de faire un usage disproportionné de la force contre les manifestants.