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Au Kenya, manifestation à Nairobi contre de nouvelles taxes

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La police kényane a tiré des gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs personnes mardi 18 juin lors d’une manifestation dans la capitale Nairobi contre le projet de budget 2024-2025 qui prévoit l’instauration de nouvelles taxes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le Parlement a commencé mardi après-midi à débattre de ce texte, dénoncé par ses détracteurs comme un nouveau coup porté au pouvoir d’achat de la population, à travers notamment un projet de taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers et une TVA sur le pain.

Pour le gouvernement du président William Ruto, ces mesures sont nécessaires pour redonner des marges de manœuvre financières au pays. Présenté jeudi 13 juin au Parlement, où le président dispose de la majorité, le texte doit être voté avant le 30 juin.

Un mouvement de contestation baptisé « Occupy Parliament » (« Occuper le Parlement ») a été lancé sur les réseaux sociaux. Les numéros de téléphone de députés ont notamment été diffusés durant le week-end pour que les citoyens appellent leurs représentants et les convainquent de ne pas voter le budget.

« La vie n’est plus abordable »

Mardi, quelques centaines de manifestants pacifiques se sont réunies devant le Parlement avec des pancartes réclamant « Ne nous imposez pas les impôts » ou comparant Wiliam Ruto à « Zakayo », nom en langue swahili de Zachée, le collecteur d’impôts dans la Bible.

La police, déployée en nombre dans tout le centre-ville de Nairobi, les a dispersés avec gaz lacrymogène et canons à eau. Au total, au moins une dizaine de personnes ont été arrêtées, a constaté un journaliste de l’AFP.

L’ONG Commission kényane des droits de l’homme (KHRC) a appelé à « mettre fin aux arrestations ». « Notre Constitution nous accorde le droit de manifester. Mais même si les arrestations continuent, cela ne nous dissuadera pas », a déclaré l’organisation sur le réseau social X.

Etudiante de 23 ans, Wangari est venue exprimer sa « colère ». « Je me bats pour mon avenir. Je me bats pour l’avenir de mes concitoyens et je me bats pour mon pays », lance-t-elle : « Je suis une jeune adulte et je veux m’épanouir dans ce pays. Avec de tels impôts, (…), je ne vois pas comment on peut construire une vie ».

Rara Eisa, 29 ans, manifeste pour la première fois de sa vie. « Je suis fatiguée. Tous les prix ont augmenté, la vie n’est plus abordable. Les légumes qu’on achetait à 5 shillings coûtent désormais 20 shillings », explique cette jeune femme sans emploi. « J’espère que ma présence aujourd’hui apportera un changement. Ce n’est peut-être pas garanti, mais au moins j’ai essayé », poursuit-elle.

Une inflation de 5 % sur un an

La politique fiscale du chef de l’Etat est, depuis son élection en août 2022, source de mécontentement. M. Ruto, qui s’était fait le porte-parole des plus modestes durant la campagne électorale, a notamment augmenté l’impôt sur le revenu et les cotisations santé et doublé la TVA sur l’essence.

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Face aux retombées de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, la politique du gouvernement vise à « jeter des bases solides et protéger [la] fragile reprise [économique] pour une transformation socio-économique durable », avait défendu la semaine dernière le ministre des finances, Njuguna Ndung’u, en présentant le budget au Parlement.

« Collecter des ressources fiscales adéquates est un pilier essentiel de cette transformation et de cette croissance », avait-il ajouté, soulignant que le déficit budgétaire devrait être réduit à 3,3 % du PIB, contre 5,7 % pour l’exercice en cours.

Economie parmi les plus dynamiques d’Afrique de l’Est, le Kenya a enregistré en mai une inflation de 5,1 % sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2 % et 7,8 %, selon les données de la Banque centrale.

La croissance du PIB devrait décélérer à 5 % cette année, après avoir atteint 5,6 % en 2023 (4,9 % en 2022), selon des prévisions de la Banque mondiale. La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (quelque 70 milliards d’euros), soit environ 70 % du PIB.

Le Monde avec AFP

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