Le soleil se levait tout juste sur le fleuve Niger, mardi 17 septembre, lorsque des tirs et des détonations ont retenti à Bamako, autour de l’école de la gendarmerie, dans le quartier de Faladié. Sur des vidéos amateur circulant sur les réseaux sociaux et d’autres reçues par Le Monde, une importante fumée noire s’en dégageait. Selon un officier malien, à 8 h 30 GMT, les tirs résonnaient toujours mais la situation était « en passe d’être contrôlée ».
L’école de la gendarmerie abrite notamment le siège des unités d’élite de la gendarmerie, le Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) et le Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (PIGN). L’identité et le nombre des assaillants demeurent inconnus et aucune revendication n’a été faite pour l’heure, mais selon l’officier précité, il ne pas fait « pas beaucoup de doutes » qu’il s’agit de « djihadistes ».
Une version confirmée par l’état-major général des armées qui, sur le réseau social X, a indiqué qu’« un groupe de terroristes a tenté de s’infiltrer dans l’école de gendarmerie de Faladié », ajoutant que « les opérations de ratissage sont actuellement en cours dans toute la zone » et que « la situation est sous contrôle ». L’aéroport de Bamako, situé à une dizaine de kilomètres plus au sud, a été momentanément fermé.
Affront
La dernière attaque d’ampleur au cœur de la capitale malienne remonte au 21 mars 2016 et à l’attentat contre l’hôtel Nord-Sud, quartier général de la mission de formation de l’armée malienne par l’Union européenne (UE), qui s’était soldé par la mort d’un assaillant.
Le 22 juillet 2022, une attaque complexe à la voiture piégée, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), avait visé le camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres au nord de Bamako, ville garnison et fief de la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta. Un affront pour les militaires au pouvoir, qui ont fait de la reconquête de la souveraineté nationale l’alpha et l’oméga de leur politique.
Hasard du calendrier ou non, l’attaque intervient à cinq jours de la fête de l’indépendance, le 22 septembre. Mais aussi le jour de l’ouverture du procès de l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires par le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), renversé le 18 août 2020 par la junte du colonel Goïta, dans lesquels plusieurs personnalités civiles et militaires sont accusées de corruption. Celui-ci devait se tenir à la cour d’appel, voisine de l’école de gendarmerie où sont détenus certains accusés, tels le général Moustapha Drabo et le colonel major Nouhoum Dabitao. Parmi les autres prévenus figurent plusieurs proches et anciens ministres d’IBK.