Au Maroc, l’heure du désamour pour Walid Regragui, sélectionneur des Lions de l’Atlas

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La quatrième place obtenue par le Maroc lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar avait fait de Walid Regragui, 48 ans, l’une des personnalités les plus populaires du royaume. Mais, près d’un an et demi plus tard, l’étoile du sélectionneur des Lions de l’Atlas a quelque peu pâli et certains médias et supporteurs locaux plaident désormais pour que l’ancien international (45 sélections), pourtant sous contrat jusqu’en 2026, soit démis de ses fonctions.

Les détracteurs du successeur de Vahid Halilhodzic, nommé en août 2022, lui reprochent notamment la performance décevante de la sélection lors de la Coupe d’Afrique des nations 2024 en Côte d’Ivoire. Le Maroc, qui n’a plus remporté la compétition depuis son premier titre obtenu en 1976 en Ethiopie, avait été éliminé dès les huitièmes de finale par l’Afrique du Sud (0-2), alors qu’il était présenté comme l’un des favoris.

« Walid Regragui s’était mis en difficulté tout seul en s’engageant à atteindre les demi-finales, rappelle Réda Allali, le musicien et fondateur du groupe Hoba Hoba Spirit, qui intervient dans plusieurs émissions sportives. Il est sur la sellette et attendu au tournant. »

Après cet échec, Fouzi Lekjâa, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), avait pourtant renouvelé sa confiance au technicien en vue de la CAN 2025 que le Maroc organisera, et de la suite des qualifications pour la Coupe du monde 2026. Mais les deux dernières prestations des Lions de l’Atlas lors des matchs amicaux disputés contre l’Angola (1-0) et la Mauritanie (0-0), le 22 et 26 mars à Agadir, ont renforcé la défiance d’une partie de l’opinion publique et de la presse.

Des relations tendues avec la presse

« Les critiques reposent sur le style de jeu, jugé trop défensif, alors que les Marocains estiment que le Maroc n’a jamais eu une si bonne équipe, avec des joueurs qui évoluent dans les meilleurs clubs européens, tels Achraf Hakimi (Paris-SG), Brahim Diaz (Real Madrid), Noussair Mazraoui (Bayern Munich) ou Sofyan Amrabat (Manchester United) », expose le consultant et journaliste sportif Nassim El Kerf.

Les relations de Walid Regragui avec une partie de la presse marocaine se sont également tendues. « Des journalistes lui reprochent une certaine arrogance et de ne pas accepter les critiques sur le jeu de l’équipe », poursuit Nassim El Kerf. Au sein de la fédération, les avis sont également partagés.

« Il y a des gens qui estiment qu’il faut lui laisser le temps de poursuivre son travail et d’autres qui veulent son remplacement rapidement, car ils pensent que Regragui ne pourra pas mener le Maroc au titre en 2025 », résume un membre de l’instance ayant requis l’anonymat. Même s’il soutient toujours officiellement le sélectionneur, Fouzi Lekjâa a manifesté quelques signes d’agacement devant le spectacle proposé lors des rencontres face à l’Angola et la Mauritanie.

Mais au Maroc, Walid Regragui dispose toujours de nombreux soutiens, y compris parmi les supporteurs et la presse. Son ancien coéquipier en sélection, Khalid Fouhami, désormais entraîneur du CA Kénifra (Ligue 2), est partisan d’une stabilité technique et plaide pour le maintien du sélectionneur à son poste.

« Il a eu des résultats au FUS Rabat, au Wydad Casablanca et il a mené le Maroc à la quatrième place de la Coupe du monde. Walid est un bon technicien. Laissons-le mettre en place un nouveau système, il a appelé de nouveaux joueurs, cela prend un peu de temps. »

Le retour du Français Hervé Renard ?

Le journaliste Jalal Bouzrara milite également pour le maintien du sélectionneur en prenant l’exemple d’Aliou Cissé au Sénégal, « qui est là depuis des années [2015] et qui a gagné la CAN en 2022. Nous avons besoin de continuité. C’est l’homme de la situation, il doit rester. » Reda Allali estime que le sélectionneur « est le mieux placé pour réinventer cette équipe », tout en l’invitant « à ne pas s’accrocher à sa fonction s’il ne qualifie pas le Maroc pour la Coupe du monde ».

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Au Maroc, certains n’hésitent pas à établir un parallèle entre Walid Regragui et Djamel Belmadi. L’ancien sélectionneur de l’Algérie, champion d’Afrique en 2019, avait été limogé en janvier après l’élimination de son équipe au premier tour de la CAN en Côte d’Ivoire. L’Algérie avait déjà connu le même sort en 2022 au Cameroun et n’avait pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde au Qatar.

« Comme Belmadi après la CAN, Regragui a été porté aux nues après le Mondial et, depuis, plus rien, souligne un ancien membre du Wydad Casablanca. Il a une pression énorme et commence à se mettre à dos les supporteurs à cause de ses résultats et la presse avec sa communication à la limite de l’arrogance. »

Après un premier trimestre décevant, le sélectionneur des Lions de l’Atlas se sait très attendu à l’occasion des deux prochains matchs de son équipe au mois de juin contre la Zambie et au Congo pour les qualifications pour la Coupe du monde 2026. Et de nouvelles contre-performances raviveront inévitablement les critiques d’une partie des supporteurs, dont certains réclament le retour du Français Hervé Renard. L’actuel sélectionneur de l’équipe de France féminine, sous contrat jusqu’au 31 août, avait déjà dirigé les Lions de l’Atlas de février 2016 à juillet 2019.

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