Aliou Cissé, 48 ans, n’est plus le sélectionneur de l’équipe de football du Sénégal. L’ancien capitaine des Lions de la Teranga, nommé en 2015 et qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2022 au Cameroun, a été limogé alors que les coéquipiers de Sadio Mané s’apprêtent à affronter le Malawi les 11 et 15 octobre à Dakar et Lilongwe, dans le cadre des qualifications pour la CAN 2025.
L’information a été officialisée par la Fédération sénégalaise de football (FSF) le 2 octobre. Pour assurer l’intérim, celle-ci devrait nommer son adjoint Pape Thiaw. Le contrat d’Aliou avait pris fin le 31 août, mais cela ne l’avait pas empêché de diriger son équipe face au Burkina Faso (1-1) et au Burundi (1-0), en septembre. Son bail à la tête de la sélection nationale devait être prolongé jusqu’à la fin de la CAN 2025 au Maroc (du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026), comme l’avait annoncé la FSF, laquelle attendait toutefois la validation du ministère des sports, puisque le salaire de M. Cissé est intégralement pris en charge par l’Etat.
Problème : ledit ministère est resté sourd aux multiples relances de la fédération et a refusé de signer le nouveau contrat d’Aliou Cissé qui, au final, a fini par être remercié. « La ministre des sports n’a fait qu’appliquer les consignes venues d’en haut, où on ne voulait plus du coach, qui était la cible de nombreuses critiques, notamment après le match face au Burkina Faso où il a été sifflé par le public, dont une partie demandait la démission. Il se disait aussi que son salaire était trop élevé. La fédération a été mise devant le fait accompli », explique un membre de l’instance sous couvert d’anonymat.
« C’est assez brutal, surtout à quelques jours de deux matchs très importants. Mais on savait que la validation du nouveau contrat bloquait au niveau du ministère des sports et que cela n’était pas très bon signe », ajoute Djibril Wade, le président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP).
Quel successeur ?
Dans son communiqué, la FSF, dont le président Augustin Senghor a soutenu jusqu’au bout Aliou Cissé, a chaleureusement remercié le technicien. Outre la conquête de la CAN 2022, il avait qualifié son équipe pour les quatre dernières éditions de la compétition continentale ainsi que pour les Coupes du monde 2018 et 2022. Pour expliquer le départ de l’ancien milieu de terrain, plusieurs raisons ont été avancées, comme celles de ne pas avoir atteint les quarts de finale du Mondial au Qatar, de ne pas avoir conservé en Côte d’Ivoire le titre obtenu au Cameroun, ou encore d’un risque de désamour avec les Sénégalais qui lui reprochaient un système de jeu manquant d’ambition.
Au Sénégal, l’annonce du départ de l’ancien joueur du Paris Saint-Germain et de Montpellier est un sujet largement débattu depuis la publication du communiqué de la fédération. Les avis sont partagés, entre ceux qui défendent son bilan – 103 matchs, 67 victoires, 23 nuls et 13 défaites en plus de la CAN gagnée en 2023 – et ceux qui estiment que le sélectionneur ne parvenait plus à faire progresser son équipe.
« Le timing pour se séparer de lui n’est vraiment pas bon, estime Ferdinand Coly, ancien coéquipier de M. Cissé avec l’équipe nationale. Mais on sentait qu’il était un peu lassé, car la pression est très forte ici. Son système de jeu ne faisait pas l’unanimité, y compris auprès de certains joueurs. »
Le chapitre Aliou Cissé étant désormais clos, il va désormais falloir lui trouver un successeur. La piste menant à un sélectionneur sénégalais est privilégiée, notamment par le pouvoir politique. Outre celui de Pape Thiaw, qui assurera l’intérim au moins lors des deux matchs face au Malawi, le nom d’Habib Beye, 46 ans, actuellement libre de tout engagement après avoir fait accéder le Red Star en Ligue 2 française, commence à circuler. Mais il est également question du Français Hervé Renard (56 ans), double champion d’Afrique avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015), et qui a récemment refusé le poste de sélectionneur du Nigeria.
