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Au Tchad, l’effroi des habitants de N’Djamena après l’explosion d’un dépôt de munitions

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Le ciel de N’Djamena s’est embrasé dans la nuit du 18 au 19 juin. Aux alentours de 22 h 30 (heure locale), un incendie d’origine inconnue s’est déclaré dans un dépôt de munitions situé à proximité du centre-ville de la capitale du Tchad, provoquant de gigantesques explosions qui ont fait 9 morts et 46 blessés, selon le gouvernement.

« Les murs tremblaient, des projectiles sifflaient dans tous les sens, les femmes et les enfants étaient terrorisés », témoigne Mahamat, un habitant du quartier Goudji joint par téléphone. Pendant près de deux heures, des munitions d’armes légères et des obus ont été projetés aux quatre coins de la ville avant que le calme ne revienne.

Au petit matin, le président Mahamat Idriss Déby Itno s’est rendu sur les lieux pour constater l’étendue des dégâts, annoncer l’ouverture d’une enquête et la prise en charge des blessés par l’Etat : « Ce qu’il s’est passé hier doit nous donner des leçons en ce qui concerne la construction de magasins [de munitions] en pleine ville, car ce n’est pas la première fois. »

En 2017, un incendie s’était déjà déclaré dans ce même dépôt de munitions dont il ne reste aujourd’hui que des ruines avec, en son centre, deux impressionnants cratères noircis, profonds d’une dizaine de mètres.

Une forte odeur de poudre

Atterré par ce spectacle de désolation, le premier ministre Allah-Maye Halina a lancé un appel au calme après avoir salué la promptitude des services de déminage à pied d’œuvre durant toute la nuit.

Dans l’air, flottait mercredi matin une forte odeur de poudre tandis que des explosions éparses retentissaient encore à une certaine distance. Située au nord du centre-ville, la zone n’est pas densément peuplée, essentiellement occupée par des installations militaires. On y trouve également l’état-major des armées ainsi que la base aérienne Adji Kosseï à l’est, où sont encore stationnés un millier de soldats français.

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Mais à l’ouest, en face de l’entrée principale, s’étend un quartier résidentiel dont les bâtiments sont désormais dévastés, les maisons éventrées et les toitures déchirées par le souffle de l’explosion. Sur le carrelage fissuré de ce qui fut une salle à manger, apparaît une tache de sang au milieu des éclats de verre.

« J’avais réuni mes enfants ici pour qu’ils soient en sécurité, raconte Oumar Issa, le propriétaire des lieux, mais c’est là que ma fille a été blessée à la jambe ». Visiblement choquée, elle s’en sortira avec un bandage au pied. « Ses jours ne sont plus en danger », confie son père.

« Tout s’est effondré autour de moi »

Dans les décombres du bâtiment voisin, les débris d’obus et les munitions de tous calibres craquent sous les pas. Mahamat Abakar, un fonctionnaire de 24 ans, est en colère. « Tout s’est effondré autour de moi, je m’en suis sorti par miracle, dit-il avant de s’emporter : Qui va reconstruire ma maison ? Sûrement pas l’Etat alors qu’il est le premier responsable ! »

« Cela fait des années que nous demandons de faire déplacer ce camp militaire, renchérit son voisin Mahamat Gari. Ils n’ont jamais répondu et voilà ce qui est arrivé », déplore-t-il, en désignant une roquette non exposée fichée dans son mur de brique.

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Lors d’une conférence de presse tenue mercredi en début d’après-midi, le ministre des armées, le général Issakha Malloua Djamous, a promis de construire à l’avenir des entrepôts « plus sécurisés » et affirmé que le déplacement des dépôts de munitions hors du centre-ville « est à l’étude ». Reste à savoir si dans un contexte régional instable et alors que le Tchad n’en a pas fini avec ses mouvements rebelles, les autorités accepteront d’éloigner les camps militaires du site stratégique que représente l’aéroport.

Le bilan humain communiqué par le ministre de la santé, le docteur Abdelmadjid Abderrahim, a été accueilli avec scepticisme. Depuis les « tirs de joie » qui ont suivi l’élection de Mahamat Idriss Déby le 16 mai et dont le bilan n’a toujours pas été rendu public, une circulaire interdit au personnel hospitalier de fournir des informations aux journalistes. « Nous n’avons rien à cacher », a assuré le ministre aux journalistes.

Sur l’origine de l’explosion, « il est encore trop tôt pour faire des supputations » a quant à lui déclaré le ministre de l’administration territoriale, Mahamat Limane. Pour recenser les munitions projetées aux quatre coins de la ville, le ministère de la sécurité a mis en place un numéro d’urgence visant à faciliter le travail des démineurs. Une tâche qui s’annonce titanesque.

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