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Bruxelles nomme le Suédois Johan Borgstam comme représentant spécial pour la région des Grands Lacs

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Le diplomate suédois Johan Borgstam sera le nouveau représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs, un dossier hautement sensible depuis la reprise de l’offensive du M23, appuyé par le Rwanda, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Vendredi 26 juillet, les Vingt-Sept ont officialisé cette nomination et ainsi tourné la page d’une très embarrassante affaire.

En 2021, l’UE s’était dotée d’une nouvelle stratégie pour cette région qui réunit le Rwanda, le Burundi et la RDC. Dans la foulée, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, devait nommer un envoyé spécial dédié aux relations avec ces trois pays. Cela a pris plus de temps qu’attendu, et les relations avec les pays de la zone se sont tendues, sur fond de guerre dans l’est de la RDC. Le dernier diplomate à avoir occupé une telle fonction, entre 2007 et 2010, était le Néerlandais Roeland van de Geer.

A Bruxelles, néanmoins, rien ne s’est passé comme prévu. Après avoir organisé un premier appel à candidature au début de l’année, un panel du service diplomatique européen avait auditionné deux candidats au printemps : l’ancien ministre des affaires étrangères finlandais Pekka Haavisto, ainsi que le diplomate belge Bernard Quintin.

Après le retrait du Finlandais, qui ne parlait pas français, un prérequis pour cette région majoritairement francophone, le diplomate belge, ancien directeur Afrique du service diplomatique européen, semblait avoir la voie libre et était donc le favori pour le poste. Il était d’ailleurs soutenu par nombre d’Etats membres.

L’influence de Kigali

C’est à ce moment que le président rwandais Paul Kagame a eu vent de cette nomination qu’il ne souhaitait pas voir intervenir, son pays cultivant des rapports tendus avec la Belgique, ancienne puissance coloniale qui travaille toujours de manière étroite avec la RDC. Il a donc fait passer le message au président français Emmanuel Macron, fin avril, de son opposition à un tel choix. L’information est vite remontée à Bruxelles. Et la répercussion a été immédiate : la candidature du haut fonctionnaire belge a été écartée et la procédure de recrutement relancée.

La France, mais également l’Europe en général, ont intérêt à entretenir de bonnes relations avec Kigali qui, malgré son implication militaire dans l’est de la RDC, s’est imposé comme un allié stratégique ces dernières années. En Centrafrique, l’armée rwandaise est le premier contributeur de la mission des Nations unies (Minusca), avec 2 100 hommes déployés à la fin mars. Elle joue aussi un rôle clé en ayant envoyé 2 500 soldats dans le Cabo Delgado, dans le nord-ouest du Mozambique, où les entreprises d’hydrocarbures française Total et italienne Eni développent d’importants projets gaziers. Une intervention qui était jusque-là soutenue à hauteur de 20 millions d’euros par l’UE et dont le renouvellement est actuellement à l’étude.

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