Home Monde Ces binationaux franco-tunisiens qui choisiront la Tunisie si le Rassemblement national gouverne

Ces binationaux franco-tunisiens qui choisiront la Tunisie si le Rassemblement national gouverne

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« J’avais pour projet de repartir en France l’année prochaine, mais j’entends de plus en plus mes amis qui vivent là-bas parler de la montée du racisme », confie Mehdi (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leur nom de famille), 42 ans, programmeur informatique. Né d’une mère française et d’un père tunisien, il vit à Tunis avec sa conjointe et leur fille de 2 ans. C’est pour cette dernière que Mehdi avait envisagé de retourner en France, où il a déjà vécu entre 2000 et 2011, afin, dit-il, « de lui offrir une meilleure qualité de vie et un environnement plus sain ».

Toutefois, ces derniers temps, Mehdi hésite. Il envisage désormais une opportunité au Maroc. « J’aurais préféré retourner en France, mais tout dépendra de l’évolution de la situation politique. Si l’extrême droite gagne du terrain et commence à persécuter les migrants et les étrangers, je n’aurai pas envie que ma fille subisse cela », déplore-t-il.

Les inquiétudes de Mehdi se sont accrues après l’arrivée en tête du Rassemblement national (RN) au premier tour des législatives le 30 juin. Le parti d’extrême droite pourrait obtenir une majorité, absolue ou relative, et il n’est plus exclu qu’il accède au pouvoir, une première historique. Les déclarations racistes des cadres du parti, visant notamment les binationaux, ont accentué ces craintes.

« Le Maghrébin binational a sa place en France, mais pas dans les hauts lieux. Nous devons protéger la France », a déclaré Daniel Grenon, député sortant du RN dans l’Yonne, lors d’un débat le 1er juillet. Des propos confirmés par la bande sonore de l’échange, bien que le parti ait tenté de minimiser en parlant de citation « erronée ».

« On m’a fait sentir que je n’étais pas chez moi »

Mehdi a lui-même expérimenté le racisme lorsqu’il vivait à La Rochelle (Charente-Maritime) en tant qu’étudiant. En 2002, lors de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, il a été agressé par des militants d’extrême droite. « On m’appelait aussi Mohamed par moquerie », se rappelle-t-il.

En 2011, après un burn-out, il retourne en Tunisie, où vient d’avoir lieu la révolution qui a mis fin au pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali. « Nous étions nombreux à rentrer, mais nous avons vu les résultats », ironise-t-il amèrement face à la crise économique et politique actuelle du pays, accentuée par le coup de force du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021.

Il tente de se rassurer quant au traitement que pourrait subir sa fille en France, avec ses traits clairs et ses cheveux blonds : « Ma fille a un prénom arabe et un prénom français. Je me dis que son prénom français pourrait l’aider, ce serait toujours mieux pour trouver un appartement à Paris, par exemple. »

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