des organisations de défense des droits humains appellent à « libérer » les « détenus d’opinion »

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A cinq mois de l’élection présidentielle prévue le 7 septembre, une coalition d’une vingtaine d’organisations de défense des droits humains algériennes, nord-africaines et internationales a lancé, jeudi 4 avril, une campagne alertant sur « le rétrécissement sévère des droits et libertés fondamentales » et « la consolidation de l’autoritarisme » en cours en Algérie.

Cinq ans après le début du Hirak, le mouvement antisystème réprimé en 2020 et dont 228 militants sont aujourd’hui en prison, les animateurs de l’opération baptisée « Serḥet-asen » (« libérez-les ») adressent aux autorités un « appel » à relaxer ces « détenus injustement emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé pacifiquement leurs libertés ». Et pour appuyer leur requête, ils diffusent sur les réseaux sociaux les portraits de ces prisonniers – tels Ihsane El Kadi, Brahim Laalami, Mohad Gasmi, Mustapha Bendjama, Farid Belmokhtar, Mohamed Tadjadit, Djamila Bentouis, etc. –, assortis de notes sur leurs parcours.

« Une véritable chape de plomb pèse sur la société civile », s’inquiètent les signataires de l’appel. Les autorités algériennes, relèvent-ils, ont dissous deux organisations de défense des droits humains vieilles de plus de trente ans : le Rassemblement actions jeunesse (RAJ) en octobre 2021 et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) en juin 2022. En outre, les locaux des médias Radio M et Maghreb émergent, dont le fondateur, Ihsane El Kadi, a été condamné en appel à sept ans de prison (dont cinq ferme), ont été mis sous scellés en décembre 2022, avant que la justice n’ordonne leur dissolution en avril 2023.

Reprise en main

Nombre de ces poursuites sont facilitées par des dispositions contenues dans le code pénal révisé en juin 2021. Ainsi de l’article 87 bis, qui permet de mettre en cause pour « terrorisme ou sabotage » quiconque a appelé à « changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels ».

Autre illustration de ce nouveau climat : la tenue en mars de deux conférences du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), une association de défense des droits des disparus, a été empêchée. Enfin, rappellent les initiateurs de la campagne « Libérez-les », deux partis politiques agréés, le Parti socialiste des travailleurs (PST) et le Mouvement démocratique et social (MDS), ont été suspendus pour des durées indéterminées.

Fragilisé par l’éclatement du Hirak en février 2019, le régime algérien avait mis à profit la pandémie de Covid-19 pour resserrer progressivement l’étau autour du mouvement, jusqu’à l’étouffer un an plus tard. Depuis lors, la guerre en Ukraine, en 2022, et le rebond des prix des hydrocarbures ont redonné des marges de manœuvre financières aux autorités, leur permettant de consolider la reprise en main. Le lancement de la campagne « Libérez-les » offre l’occasion au milieu pro-démocratie, en Algérie et au sein de la diaspora, de rappeler que l’aspiration à l’Etat de droit, qui avait mobilisé en 2019 des millions d’Algériens, survit.

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