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« En Afrique australe, les partis de libération dominent encore outrageusement, mais ce n’est qu’une question de temps pour que leur règne prenne fin »

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Alors que l’élection présidentielle se tient en Namibie mercredi 27 novembre, l’Organisation du peuple du sud-ouest africain (Swapo), l’ancien mouvement de libération qui gouverne le pays depuis son indépendance, en 1990, craint le vent de dégagisme qui vise les autres partis révolutionnaires longtemps au pouvoir en Afrique australe.

En effet, après la perte de majorité du Congrès national africain (ANC) en Afrique du Sud le 29 mai, le Botswana a tourné la page de six décennies de règne du Parti démocratique du Botswana le 30 octobre. Au Mozambique, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis l’indépendance, fait face à la gronde de la rue depuis la présidentielle du 9 octobre. Les manifestations à Maputo ont fait au moins soixante-douze morts en novembre.

Jakkie Cilliers, président de l’Institut des études de sécurité à Pretoria, impute le déclin des partis de libération en Afrique australe au « fossé intellectuel entre les cadres vieillissants de la lutte pour l’indépendance et une jeunesse pragmatique, dénuée d’idéologie ».

Assiste-t-on au crépuscule des partis de libération en Afrique australe ?

Sans nul doute. L’idéologie révolutionnaire qui berce ces partis est de moins en moins pertinente au fur et à mesure du changement de génération. Il est évident que l’on arrive à la fin d’un cycle. Ou plutôt à une normalisation de la politique en Afrique australe. A partir de maintenant, je l’espère, ce sont les projets politiques qui seront au centre des élections et plus seulement la rente mémorielle des révolutions passées.

Peut-on résumer le déclin de ces partis par l’émergence d’une nouvelle génération d’électeurs et de leaders ?

L’aspect mémoriel des libérations s’atténue dans les pays où la lutte fut structurelle comme en Angola, au Zimbabwe ou au Mozambique. Cela affaiblit les partis au pouvoir. Je dirais que le fossé est surtout intellectuel : là où les cadres vieillissants des partis de la libération ont une approche idéologique héritée de la guerre froide, la jeune génération est pragmatique, dénuée d’idéologie, se focalise sur les conditions économiques des citoyens et la mauvaise gouvernance. Ceci dit, les nouveaux partis qui émergent représentent un nouveau danger : ils dépendent essentiellement de la personnalité du leader et n’ont pas de doctrine propre.

Pourquoi un tel vent de changement souffle aujourd’hui en Afrique australe ?

Il ne faut pas oublier que c’est la région d’Afrique qui a obtenu ses indépendances le plus tardivement, dans les années 1970 et 1980 [l’apartheid a pris fin en 1991 en Afrique du Sud]. La transition politique y intervient naturellement plus tard que dans le reste de l’Afrique. En Afrique de l’Ouest et de l’Est, plusieurs pays ont remis en cause le monopole des partis de libération. Ici, en Afrique australe, ils dominent encore outrageusement mais ce n’est qu’une question de temps pour que leur règne prenne fin.

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