Jacob Zuma n’est candidat à rien mais il est partout. L’ancien président est la tête d’affiche de l’uMkhonto We Sizwe (MK), un parti qui imite l’ancienne branche armée du Congrès national africain (ANC) quand le mouvement de libération se battait contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Sur le papier, Jacob Zuma devait être le futur député de cette nouvelle formation politique, voire le prochain président de la République. Mais, lundi 20 mai, la Cour constitutionnelle, saisie par la Commission électorale, a jugé que la condamnation de Jacob Zuma à quinze mois de prison pour outrage à la justice en juin 2021 le disqualifiait, malgré la remise de peine accordée par le président Cyril Ramaphosa.
Cet empêchement ne devrait pas beaucoup chagriner Jacob Zuma dont les ambitions parlementaires et présidentielles paraissaient faibles. Aurait-il accepté de revenir à l’Assemblée nationale en tant que député alors qu’il jouit d’un statut d’ancien président ? Sa pseudo-candidature lui permet surtout de revenir en majesté au centre de l’arène politique. Il en a fait la démonstration lors d’un grand rassemblement dans le stade Orlando de Soweto, dans le sud de Johannesburg, samedi, auquel ont assisté près de 30 000 supporters.
Des bus avaient été affrétés depuis la province du Kwazulu-Natal pour convoyer des fidèles de Jacob Zuma depuis cette région où l’enfant du pays zoulou reste populaire. Le parti MK est crédité de 11 % des intentions de vote à l’échelle nationale contre 31 % dans la province zoulou, selon les sondages de la Social Research Foundation au 21 avril. Une prouesse pour un parti lancé à la mi-décembre 2023. Le parti MK a été bâti sur mesure pour l’ancien président qui a été suspendu de l’ANC et cherche à regagner en influence politique tout en affaiblissant le Congrès national africain lors des élections générales du 29 mai. La formation politique de Nelson Mandela pourrait perdre sa majorité pour la première fois de son histoire.
« Zuma est un surhomme »
« Zuma est un surhomme, nous aimons tous Zuma », insiste Prince Inkosi, habitant de l’agglomération d’Ekurhuleni au nord de Johannesburg, rencontré au rassemblement de Soweto. A ses yeux, l’ancien président incarne la nostalgie d’une Afrique du Sud d’antan, débarrassée des coupures d’électricité massives qui plombent le mandat de Cyril Ramaphosa. Une Afrique du Sud avec un peu moins de chômage et qui n’avait pas connu les ravages du Covid-19 et de son confinement très strict.
« Nous ne sommes plus un pays en développement, nous devenons un pays sous-développé » regrette Raymond Ngubane, venu de la ville côtière de Mtunzini, dans le Kwazulu-Natal. « Zuma nous a beaucoup manqué. C’est pour ça qu’on est là pour le soutenir (…) Il a fait du bon travail quand il était au pouvoir. Après avoir été remplacé, tout est reparti à la baisse », déplore-t-il.
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