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En Côte d’Ivoire, deux cadres du parti d’opposition de Guillaume Soro ont été arrêtés

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Deux cadres de l’opposition ont été arrêtés en moins d’une semaine en Côte d’Ivoire. Il s’agit de Mamadou Traoré et de Kando Soumahoro, tous deux membres du parti Générations et peuples solidaires (GPS) de l’ancien premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil depuis 2019. Les motifs de leur interpellation n’ont pas été dévoilés par les autorités judiciaires. Selon leur défense, l’un se verrait reprocher une publication sur Facebook et l’autre, sa participation à une déclaration signée le 9 août par une coalition de l’opposition. Avec une charge commune dans les deux cas, celle de « trouble à l’ordre public ».

Mamadou Traoré, membre de la commission d’orientation et de coordination de GPS, connu pour ses critiques acerbes sur les réseaux sociaux envers le parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a été le premier convoqué, jeudi 8 août, dans les locaux de la police criminelle. Placé en garde à vue, il a été transféré le lendemain au pôle pénitentiaire d’Abidjan. Il serait accusé d’« incitation à la haine », de « diffusion de fausse nouvelle » et de « trouble à l’ordre public », selon son avocat Me Souleymane Diallo, qui représente également Kando Soumahoro. « Mamadou Traoré a fait des publications sur Facebook, la veille de son interpellation, qui n’ont pas été du goût de tout le monde », euphémise Me Diallo.

Le post incriminé, depuis supprimé, laissait entendre que le matériel militaire engagé dans le défilé du 64e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août, à Grand-Bassam, avait été emprunté à l’ancienne force opérationnelle « Takuba », dissoute en 2022, qui opérait au Mali sous le commandement de l’opération « Barkhane » menée par la France au Sahel. « Ce qui est sûr et certain, écrivait Mamadou Traoré le même jour dans un second post sur sa page Facebook, [c’est que] tout ce qu’on nous a montré hier pendant le défilé militaire, c’est un “dôhi” » (un mensonge, une mise en scène).

Une justice « pour écraser »

« C’est vrai qu’il a dit ça en des termes péjoratifs, reconnaît Me Souleymane Diallo, mais au conditionnel, avec un esprit humoristique, et dans le cadre de ses activités politiques. Il estime qu’en tant qu’homme politique il a le droit d’exprimer des critiques, positives ou négatives, à l’encontre de ses adversaires politiques. » Quant à l’accusation de « trouble à l’ordre public », « je n’ai pas entendu dire, ironise l’avocat, que la publication de Mamadou Traoré ait donné suite à un soulèvement populaire ».

Le parti GPS a rapidement réagi par voie de communiqué, dénonçant « avec fermeté la détention arbitraire » de Mamadou Traoré et demandant « sa libération immédiate ». « GPS demeure pleinement mobilisé au côté de Mamadou Traoré, poursuit le communiqué, et réaffirme sa détermination à mener la bataille judiciaire de sa libération et la lutte pour la cessation du harcèlement contre le mouvement, ses dirigeants et ses militants ». Contacté par Le Monde, le directeur de la communication de GPS, Moussa Touré, dénonce « une inflation de la répression contre GPS » et une justice « utilisée pour écraser [les partis d’opposition] et les priver de leurs droits les plus élémentaires ».

Quelques jours après l’arrestation de Mamadou Traoré, un autre membre de GPS, Kando Soumahoro, a été convoqué à son tour à la préfecture de police. Entendu mardi 13 août, « de 9 heures à 21 h 45 », précise son avocat Me Calixte Esmel. L’accusé a ensuite été transféré au matin du mercredi au Parquet, où la procureure lui a signifié sa comparution en flagrant délit dans une quinzaine de jours. Kando Soumahoro a été incarcéré au pôle pénitentiaire d’Abidjan (PPA, anciennement connu sous le nom de maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, ou MACA) en attendant son procès, où il devra répondre à deux chefs d’accusation : « maintien illégal d’un parti politique » et « trouble à l’ordre public ».

Bataille juridique

« On lui a présenté une feuille d’émargement sur laquelle étaient inscrits tous les mouvements et partis politiques représentés [lors de la réunion de l’opposition du 9 août qui a donné lieu à une déclaration commune], raconte Me Calixte Esmel. On lui a d’abord demandé s’il reconnaissait sa signature sous la mention “GPS”, il a dit que oui. On lui a ensuite demandé s’il reconnaissait ne pas avoir respecté la décision de justice ordonnant la dissolution de GPS. Il a répondu que non. »

Car l’existence de GPS est au cœur d’une bataille juridique depuis le 23 juin 2021, date de la condamnation de Guillaume Soro et de 19 de ses coprévenus par le tribunal criminel. L’ancien président de l’Assemblée nationale, accusé d’avoir fomenté avec ses partisans une « insurrection civile et militaire » visant à renverser le pouvoir en décembre 2019, avait alors été condamné par contumace à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Le tribunal avait également ordonné la dissolution de GPS, accusé de se livrer à des « actes subversifs ».

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Les instances du parti avaient fait appel de cette décision, appel rejeté par la cour d’appel le 13 février 2023, puis avaient formé un pourvoi en cassation le 22 février contre cette dernière décision. Pour le collectif d’avocats de GPS, qui indique se référer au Code de procédure pénale ivoirien, le mouvement n’est pas dissous juridiquement tant que ses moyens de recours ne sont pas épuisés.

La date du procès de Mamadou Traoré a été fixée au vendredi 16 août, au tribunal de première instance d’Abidjan. Celle du procès de Kando Soumahoro reste encore à déterminer.

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