Il est l’un des trois candidats qui a été autorisé, par la commission électorale, à se présenter à l’élection présidentielle du 6 octobre. Mais l’ancien député Ayachi Zammel a été placé en détention provisoire en Tunisie, mercredi 4 septembre, dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de « falsification de parrainages », ont annoncé ses avocats.
Agé de 43 ans, M. Zammel a été interpellé puis placé en garde à vue lundi. Cet industriel, chef du petit parti libéral peu connu baptisé Azimoun, fait l’objet d’un mandat de dépôt depuis mercredi et doit comparaître jeudi devant le tribunal de La Manouba, a fait savoir son équipe juridique dans un communiqué.
Cette décision intervient après l’exclusion de la course de trois autres candidats, considérés comme des rivaux sérieux du président sortant, Kaïs Saïed – en lice pour un second mandat –, par l’Autorité électorale (ISIE) en début de semaine. Le président, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs.
« Répression accrue de la dissidence », selon HRW
Ayachi Zammel fait partie des trois candidats retenus dans la liste « définitive » dévoilée lundi par l’ISIE, aux côtés de M. Saïed et de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste. La justice tunisienne lui reproche d’avoir enfreint les règles sur les parrainages, comme les trois candidats écartés par l’ISIE, malgré la décision la semaine passée du tribunal administratif de les réintégrer dans la course présidentielle.
Abdellatif Mekki, ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahda, Mondher Zenaïdi, ancien ministre du régime Ben Ali, et Imed Daïmi, conseiller de l’ex-président Moncef Marzouki, également proche d’Ennahda, avaient été disqualifiés le 10 août avec quatorze autres postulants, notamment pour manque de parrainages suffisants. L’ISIE a justifié son rejet des décisions du tribunal administratif par un vice de forme, à savoir une notification au-delà d’un délai légal de quarante-huit heures.
Mercredi soir, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé l’ISIE à « revenir immédiatement sur sa décision et à mettre fin à son ingérence politique dans l’élection », soulignant que les jugements du tribunal administratif sont « juridiquement contraignants ». « Au lieu de garantir l’intégrité », l’ISIE, dont les membres ont été « nommés par le président », « est intervenue pour fausser le scrutin en faveur de Saïed », a fustigé HRW.
Dénonçant « une répression accrue de la dissidence, un musellement des médias et des attaques continues contre l’indépendance de la justice », HRW a estimé que le scrutin du 6 octobre est devenu « une parodie du droit des Tunisiens à des élections libres et équitables ».
Mercredi, neuf partis politiques et neuf ONG, parmi lesquelles la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ont annoncé la création d’un Réseau tunisien de défense des droits et des libertés, qui, selon les ONG locales et internationales, ont régressé dans le pays depuis l’été 2021. La veille, la centrale syndicale UGTT a qualifié d’« illégale » la décision de l’ISIE, qui représente, à ses yeux, « l’application d’une décision politique » et « une orientation partiale qui aura une influence préalable sur les résultats » de la présidentielle.