L’affaire est apparue si sérieuse à l’Agence nationale du sport (ANS) que celle-ci a estimé nécessaire de convoquer une réunion en urgence, le 3 juillet, avec trois des quatre membres de l’équipe de France de sabre et leur encadrement. Le motif ? Le quart de finale de l’épreuve olympique de sabre par équipes qui opposera, mercredi 31 juillet, la France à l’Egypte.
Il est vrai que le cas de figure n’est pas banal, peut-être même inédit dans l’histoire des Jeux : le coach de l’équipe d’Egypte, Vincent Anstett, est également l’entraîneur personnel des trois sabreurs français en question, les frères Sébastien et Jean-Philippe Patrice (ce dernier étant remplaçant) ainsi que Maxime Pianfetti.
Conflit d’intérêts ? Dilemme cornélien ? Cas de conscience ? Vincent Anstett aurait assurément préféré éviter un tel duel, surtout « parce que les deux pays peuvent prétendre être médaillés », assure-t-il. « Pour les tireurs, ce sera un match lambda, poursuit-il. Pour moi, c’est particulier, mais on s’en fout. »
Pas tout le monde : informée de la situation fin juin, une fois le tableau du tournoi olympique connu, l’ANS – chargée notamment d’assister les fédérations sportives dans la préparation des Jeux olympiques de Paris – décide de réagir immédiatement. C’est Claude Onesta, le manageur général de la haute performance au sein de l’ANS, qui anime lui-même la visioconférence organisée en présence de Jean-Yves Robin, le directeur technique national de l’escrime, de Julien Médard, l’entraîneur national du sabre masculin, et des trois sabreurs.
Annulation in extremis
« Le but de la réunion était de leur expliquer qu’il y avait un problème éthique et que même s’ils étaient très attachés à Vincent, celui-ci est contractuellement lié à la Fédération égyptienne d’escrime, raconte Julien Médard. Ç’a été un peu difficile à accepter pour les garçons, en raison notamment du timing de la réunion, à trois semaines des Jeux. »
Décision est prise d’annuler in extremis la participation des trois sabreurs aux stages organisés par Vincent Anstett à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) puis à Montargis (Loiret), où ils auraient côtoyé leurs futurs adversaires. A la place, Julien Médard les accueille à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), en compagnie de Guillaume Galvez, adjoint de Vincent Anstett au sein de la structure privée que celui-ci a montée en 2023, la Paris Fencing Academy, afin de maintenir une certaine continuité dans la phase finale de leur préparation.
Vincent Anstett, qui affirme n’avoir pas été contacté par l’ANS à ce sujet, regrette ce changement de programme et de cadre survenu à trois semaines des Jeux. « Ce n’est pas optimal, d’autant qu’ils se sont retrouvés isolés à l’Insep, sans partenaires d’entraînement », affirme-t-il.
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