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Hama Amadou, le « phénix » de la politique nigérienne, est mort

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L’ancien premier ministre nigérien Hama Amadou, un des dinosaures de la politique du pays, est mort mercredi 23 octobre au soir à Niamey à l’âge de 74 ans, ont annoncé jeudi plusieurs de ses proches. « Hama Amadou nous a quittés […] des suites de maladie », a annoncé l’un de ses proches à l’Agence France-Presse (AFP).

Jeudi matin, les hommages fleurissaient sur les réseaux sociaux pour celui qui a été à deux reprises premier ministre du Niger. « Hama Amadou a marqué l’histoire de notre pays par son engagement et son dévouement au service de la nation. Son héritage politique et son humanisme continueront d’inspirer les générations futures », écrit Soufiane Aghaichata Guichene, ministre du tourisme du régime militaire au pouvoir depuis juillet 2023.

« Le Niger en larmes. Hama Amadou, l’homme de tous les combats, n’est plus ! », titre le quotidien L’Enquêteur sur son site. « Le Niger pleure aujourd’hui la perte d’un de ses fils les plus illustres. Hama Amadou, géant de la politique nigérienne, nous a quittés (…) emporté par le paludisme. C’est ainsi que s’achève le long parcours d’un homme qui a marqué à jamais l’histoire de notre pays », poursuit le média.

Né en 1950 à Youri, un village peul près de Niamey, Hama Amadou était surnommé « Hama + » en raison de ses scarifications sur les joues. Ses partisans avaient pour habitude de se grimer de « + » dessinés au feutre sur leur visage ou sur leurs bras lors de ses meetings bondés. Ceinture noire de judo, il était connu pour son « sang-froid » et son « franc-parler ».

Sa carrière politique avait démarré à l’ombre du général Seïni Kountché, qui a dirigé le Niger d’une main de fer de 1974 à 1987. Brièvement premier ministre pendant onze mois en 1995-1996, sous la présidence de Mahamane Ousmane (1993-1996), c’est dans les années 2000 qu’il était devenu un homme politique de premier plan, redevenant chef du gouvernement de 2000 à 2007, sous Mamadou Tandja (1999-2010).

Trafic de bébés

Egalement surnommé « le phénix », Hama Amadou a connu plusieurs fois la prison pendant sa riche carrière politique. En 2009, il est incarcéré dans une prison de haute sécurité pour un détournement de fonds présumé. Il dénonce une « machination » de Tandja pour l’évincer de la présidentielle la même année. La justice prononcera finalement un non-lieu en sa faveur et l’élection ne se tiendra pas, Tandja ayant été renversé par un coup d’Etat entre-temps.

Fondateur du Mouvement démocratique nigérien (Moden) en 2009, Hama Amadou se rallie à la surprise générale à Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle de 2011, après avoir obtenu près de 20 % des voix au premier tour. Un ralliement décisif qui permet à Issoufou d’emporter la mise et qui vaudra à Hama Amadou un poste de président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2014. Il claque alors la porte de la coalition présidentielle, déplorant l’échec de la formation d’un gouvernement d’union, et devient le premier opposant à Issoufou.

Condamné dans une affaire de trafic de bébés, il est incarcéré en 2015, après une période d’exil, mais arrive tout de même deuxième à la présidentielle de 2016 avec près de 18 % des voix, sans avoir pu faire campagne. Après un nouvel exil à la suite d’une libération conditionnelle, il purge la fin de sa peine en 2019 à son retour à Niamey et est empêché de se présenter à la présidentielle de 2021 contre Mohamed Bazoum, le successeur d’Issoufou.

Accusé d’être l’un des responsables des troubles ayant suivi la proclamation la victoire de Bazoum en février 2021, il est de nouveau incarcéré mais bénéficie deux mois plus tard d’une libération pour raisons de santé et s’envole pour la France. Il rentre à Niamey après le coup d’Etat de juillet 2023 contre Bazoum, mais reste discret sur la scène politique jusqu’à sa mort, mercredi, dans la capitale nigérienne.

Le Monde avec AFP

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