« Quand il s’agit de défendre les couleurs du pays, on ne lésine pas, on ne négocie pas, on ne caracole pas ! », a écrit Hugues Fabrice Zango sur Facebook, le 6 août. Après s’être facilement qualifié pour la finale du concours de triple saut des Jeux de Paris, qu’il dispute vendredi 9 août au stade de France, l’athlète de 30 ans rêve maintenant de la médaille d’or. S’il y parvient, il offrirait au Burkina Faso, un premier titre olympique et au continent africain, une première victoire dans cette discipline.
Hugues Fabrice Zango est un insatiable. Il est déjà entré dans l’histoire en décrochant le bronze aux JO de Tokyo, la première – et aujourd’hui la seule – médaille olympique de son pays. Depuis 2015, le Burkina traverse une crise importante : des attaques djihadistes et des violences intercommunautaires ont fait près de 20 000 morts et deux millions de déplacés. « Gagner l’or à Paris changerait beaucoup de choses pour moi et ma patrie, disait-il au Monde en février. Le sport est un moyen de soft power et mon pays a besoin de réussites, de personnalités fortes capables de ramener des capitaux et développer certains secteurs, comme le sport. »
Hugues Fabrice Zango, qui s’est déjà investi dans la Fédération burkinabée d’athlétisme, a de l’ambition à revendre et un mental hors du commun : « A Tokyo, je pouvais déjà rêver d’or. Mon problème, c’est que je ne savais pas gagner… Il y a des athlètes qui seront toujours deuxièmes. Quand ils rencontrent le champion en titre, ils perdent leurs moyens et le leader prend l’ascendant. Savoir gagner, c’est se mettre dans un état psychologique qui permet de franchir un cap. » Entrevoir la victoire provoquerait parfois une angoisse qu’il ne ressent plus. « Parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a derrière un titre, on refuse parfois de gagner, lâche-t-il. Mais une fois qu’on y a goûté, qu’on sait ce qu’il y a derrière, ça rassure… J’ai franchi ce palier en devenant champion du monde : je n’ai plus peur. »
Un « flop total » aux Jeux de Rio
Le 21 août 2023 à Budapest, il réalise un bond à 17,64 m lors de son cinquième essai. Il s’impose mais la manière ne le satisfait pas. « Je recherche l’excellence en permanence, c’est comme une quête personnelle », concède-t-il. A l’école, Hugues Fabrice Zango était toujours premier de sa classe et brillait aussi en éducation physique grâce à sa vitesse. Par hasard lors d’une compétition interscolaire, il s’essaie au triple saut. Un entraîneur de la fédération le repère et lui propose d’intégrer son club. « Je n’y voyais pas vraiment d’intérêt à part le fait de pouvoir me défouler, raconte-t-il. Mais le coach a dit que j’aurais la possibilité de voyager pour les compétitions. C’est ce qui m’a retenu. »
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