L’opposante Diane Rwigara, vive critique du président Paul Kagame, s’est dite vendredi 7 juin « déçue » du rejet la veille de sa candidature à la présidentielle rwandaise du 15 juillet, lors de laquelle le chef de l’Etat sortant briguera un quatrième mandat. La Commission nationale électorale (NEC) a rendu public jeudi une liste provisoire des candidats pour la présidentielle.
Deux candidats, Frank Habineza et Philippe Mpayimana, ont vu leurs candidatures validées pour faire face à Paul Kagame, grandissime favori pour un nouveau mandat. Mais celle de Diane Rwigara, 42 ans, a de son côté été invalidée par la NEC, sa cheffe Oda Gasinzigwa affirmant « qu’au lieu de fournir un extrait de casier judiciaire comme l’exigeait la Commission nationale électorale, [Diane Rwigara] a fourni une copie d’un jugement du tribunal ».
L’opposante n’aurait pas non plus, selon Mme Gasinzigwa, fourni de document prouvant sa nationalité rwandaise. « Après tout le temps, le travail et les efforts que j’ai consacrés, je suis très déçue d’apprendre que je ne figure pas sur la liste des candidats à la présidentielle », a déclaré sur le réseau social X Diane Rwigara, avant d’interpeller le président rwandais : « Pourquoi ne pas me laisser concourir ? C’est la deuxième fois que vous me privez de mon droit de faire campagne. Ndababaye [“Je suis blessée” en kinyarwanda]. »
Diane Rwigara avait voulu se présenter à la présidentielle d’août 2017, mais son dossier de candidature avait été rejeté en raison de faux présumés. Cette décision avait été critiquée par des groupes de défense des droits humains.
Diane Rwigara a pris ses distances avec le FPR
Paul Kagame, 66 ans, qui a mis fin en juillet 1994 au génocide des Tutsi à la tête du Front patriotique rwandais (FPR), dirige de facto depuis la fin des massacres le pays d’Afrique de la région des Grands Lacs.
M. Kagame a été réélu en 2003, 2010 et 2017, à chaque fois avec plus de 90 % des voix. Son score a culminé à 98,63 % il y a sept ans, lors d’un scrutin entaché, selon des organisations de défense des droits humains, d’irrégularités et d’opérations d’intimidation d’électeurs.
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier. Dans les années 1990, il avait largement financé le FPR avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994.
Diane Rwigara a pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015 dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat ».
Victoire Ingabire, une autre figure de l’opposition, n’a de son côté pas été autorisée à se présenter à la présidentielle, à la suite d’une décision d’un tribunal qui avait rejeté sa demande de restauration de ses droits civiques après sa condamnation en 2013 à quinze ans de prison, notamment pour « minimisation du génocide de 1994 ».
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La liste définitive des candidats doit être annoncée le 14 juin. Les élections présidentielle et législatives se tiendront le 15 juillet.