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Le dialogue de Robyn Orlin avec la nouvelle génération de danseurs sud-africains

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Pas de train. Pas de gare. Pour aller à Okiep, petite ville située dans le nord de l’Afrique du Sud, à une centaine de kilomètres de la Namibie, huit heures de bus ou six heures de taxi à fond la caisse à partir du Cap sont nécessaires. La route longue et droite comme un ruban semble se dérouler indéfiniment sous les pneus. Les kilomètres de townships en tôle ou en dur avec leurs montagnes de déchets étincelants à cause des débris de verre cèdent la place à des paysages arides et rocailleux à perte de vue, parfois aérés par des champs de citronniers. Peu de voitures, beaucoup de poids lourds. Surprise, une famille de babouins traverse soudain la chaussée.

Lorsqu’on débarque enfin à Okiep, on se frotte trois fois les yeux. Difficile de penser que ces maisons disséminées composent une ville. Quelque six mille habitants vivent dans ce paysage urbain clairsemé, découpé par des terrils noirs de cuivre abandonnés et des étendues d’eaux bleues toxiques. « Okiep est la ville la plus ancienne et la plus riche en matière d’extraction de cuivre entre 1855 et 1918 », apprend-on en déambulant dans le petit musée du seul et unique Okiep Country Hotel, fondé en 1855. Sauf qu’aujourd’hui la misère règne.

Mais que vient-on faire dans cet endroit dont l’héritage social et géographique pèse comme un couvercle ? On suit à la trace Robyn Orlin, chorégraphe connue dans le monde entier. Née à Johannesburg (Afrique du Sud), installée à Berlin depuis 2000, cette artiste frondeuse travaille en free-lance le plus souvent avec des troupes sud-africaines, dont Via Katlehong ou Phuphuma Love Minus. Pour cette création, elle a choisi de collaborer avec le Garage Dance Ensemble fondé en 2010 par Alfred Hinkel et John Linden, qui sont nés ici et ont décidé d’y revenir pour leur retraite.

Collines arides et fleurs

« J’ai énormément de respect pour cette entreprise incroyable, et la soutenir est important, explique Robyn Orlin. Je pense aussi que je dois redonner à mon pays et à ses habitants ce que j’ai eu la chance d’apprendre. J’ai envie d’aider la nouvelle génération de danseurs qui a besoin de rencontres et d’expériences, notamment ceux du Garage Dance, qui sont assez isolés par rapport à ceux du Cap, dernier bastion colonial d’Afrique. »

Avec cinq fabuleux interprètes, le spectacle intitulé …How in Salts Desert is it Possible to Blossom… (« comment peut-on fleurir dans un désert de sel ») ouvre les 15 et 16 juin, au Théâtre de la Criée, le Festival de Marseille, qui se déroule jusqu’au 6 juillet sous la direction de Marie Didier, et qui a organisé ce déplacement de presse. Le titre, comme souvent chez Orlin, articule différentes couches de sens. Concrètement, cette région du Namaqualand, du nom du peuple Nama, est connue pour l’aridité de ses petites collines, les kopje, qui se tapissent au printemps de fleurs multicolores. « Plus de 3 500 espèces de marguerites sauvages », s’enthousiasme Robyn Orlin. Par ailleurs, la communauté, « confrontée à une pauvreté écrasante, beaucoup de chômage, d’inégalités abyssales et de marginalisation extrême », selon Alfred Hinkel, auréole d’urgence la pièce.

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