Home Monde Le Maroc, vieille passion de l’extrême droite française

Le Maroc, vieille passion de l’extrême droite française

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Si elle a attisé les craintes des binationaux et les doutes des étudiants marocains, qui forment le premier contingent d’étrangers dans les universités françaises, l’hypothèse d’une arrivée aux affaires du Rassemblement national (RN) après le second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, ne peut que rassurer le pouvoir chérifien, estiment nombre d’observateurs. De tous les partis en lice, celui de Marine Le Pen pourrait en effet s’avérer le plus sûr ami du Maroc, quand bien même la monarchie s’est gagnée des sympathies dans toute la classe politique française.

L’alliance apparaît contre nature au regard de la fermeté prônée par le RN en matière de politique migratoire et de l’idéologie raciste de plusieurs de ses membres. Mais, à de rares exceptions près, c’est bien de l’extrême droite que sont issus les plus fervents soutiens du Maroc en France.

« La lutte pour l’indépendance a mobilisé du côté marocain des relations avec des catholiques anticoloniaux et des hommes de gauche, mais on a assisté par la suite à un passage à la droite et, au-delà, à la droite extrême, en raison du raidissement autoritaire du régime durant le règne de Hassan II, observe Benjamin Badier, docteur en histoire contemporaine à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne. Contrairement à l’Algérie, le Maroc est loué pour les bonnes relations qu’il entretiendrait avec la France et l’absence supposée de toute rancœur postcoloniale. Le pays se distinguerait aussi par sa nature monarchique, sa stabilité et sa capacité à contrôler l’islamisme, autant d’éléments qui plaisent à l’extrême droite. »

« L’allié le plus fiable au Maghreb »

Il n’est qu’à entendre les appels à une reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. De Jean-Marie Le Pen, qui faisait en 2007 le parallèle avec « l’Algérie française », en passant par l’eurodéputé Thierry Mariani ou le fraîchement rallié au RN Eric Ciotti (Les Républicains), les plus pressants sur le dossier émanent de l’extrême droite.

« Le RN est le seul parti politique français qui, s’il arrive au pouvoir, reconnaîtra la “marocanité” du Sahara », avance le géopolitologue Aymeric Chauprade, ex-cadre du Front national (FN, ancêtre du RN). Bien qu’il ait quitté la formation en 2015, l’ancien député au Parlement européen (2014-2019) assure qu’il continue de soutenir Marine Le Pen, dont il fut un temps le conseiller officieux pour les questions internationales.

Dans « [s]on deuxième pays », où il dit se rendre depuis vingt-cinq ans, l’homme est régulièrement sollicité. De 2006 à 2009, il a enseigné au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS), à Kénitra (centre), et s’est affiché ensuite comme un relais d’influence du FN, puis du RN, allant jusqu’à prendre la parole aux Nations unies pour défendre les intérêts du royaume. Interrogé le 1er juillet par le site Le360, Aymeric Chauprade l’a répété : « Le RN considère le Maroc comme l’allié stratégique le plus fiable et le plus solide au Maghreb. »

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