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Le ministère de la culture annonce le dépôt du djidji ayôkwé surnommé le « tambour parleur » à Abidjan en attendant sa restitution

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Deux ans que la Côte d’Ivoire attend le retour du djidji ayôkwé surnommé le « tambour parleur », dont elle a réclamé la restitution dès 2019. Deux ans déjà que cet imposant instrument de 430 kilos et 3 mètres de long sommeille dans les réserves du Musée du quai Branly à Paris, après avoir fait l’objet d’une restauration en vue de son transfert. Confisqué en 1916 par l’armée française à la communauté ébrié, le djidji ayôkwé devait être le tout premier bénéficiaire de la loi-cadre accélérant la restitution des œuvres d’art pillées en Afrique à l’époque coloniale. Celle-ci ayant été renvoyée à plus tard, la ministre française de la culture, Rachida Dati, et son homologue ivoirienne, Françoise Remarck, ont signé, lundi 18 novembre, une simple convention de dépôt du précieux objet au Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, à Abidjan.

En 2017, à l’occasion de son discours de Ouagadougou, Emmanuel Macron s’était pourtant engagé à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions d’objets indûment entrées dans les collections publiques. Une proposition de loi avait été élaborée en 2023 par la précédente ministre de la culture, Rima Abdul Malak. Le Conseil d’Etat a toutefois relevé un vice juridique risquant d’en restreindre la portée, comme Le Monde l’a révélé en février. Aux yeux des juges du Palais-Royal, les motifs de restitution évoqués dans le texte, à savoir « la conduite des relations internationales et la coopération culturelle », ne justifient pas une dérogation aux dispositions du code général des propriétés de l’Etat, qui déclare inaliénables les biens culturels entrés dans les collections publiques par don ou par legs.

En soi, ce verrou juridique n’est pas insurmontable. Il suffirait d’inscrire dans le projet de loi un « motif impérieux » ou un « intérêt général supérieur », comme ce fut le cas pour la loi-cadre sur les restes humains et les biens de personnes spoliés sous l’Occupation, votée par le Parlement en 2023. Mais le projet de loi s’est gardé de mentionner le contexte colonial, quand bien même la majorité des objets réclamés en sont issus.

Retard incompréhensible

La reformulation du texte, comme son examen au Parlement, ont depuis été repoussés sine die. « Rachida Dati n’a pas saisi les enjeux de mémoire et d’histoire que porte une telle loi, parce que cela ne présente aucun intérêt politique pour elle », tonne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, membre de la commission culture du Sénat.

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