Le projet de loi controversé du gouvernement conservateur britannique visant à expulser des demandeurs d’asile au Rwanda est revenu lundi 15 avril devant le Parlement, le premier ministre Rishi Sunak espérant désormais obtenir un vote final sur ce texte après des mois d’un débat parlementaire tendu.
L’enjeu est de taille pour Rishi Sunak, qui a fait de cette loi le symbole de sa politique migratoire. Son ambition est d’affréter de premiers avions vers le Rwanda au printemps, à quelques mois de législatives pour lesquelles les tories sont donnés perdants. Les conservateurs espèrent ainsi décourager les migrants clandestins d’arriver illégalement dans le pays en traversant la Manche sur des embarcations de fortune.
Le projet de loi, d’abord voté par la chambre basse du Parlement, a été ensuite adouci par la chambre des Lords, très critique sur le texte, entraînant une phase dite de « ping-pong » entre les deux chambres, qui doivent désormais se mettre d’accord.
Les débats interrompus pendant la pause pascale ont repris lundi en fin de journée à la chambre des Communes, où les conservateurs sont largement majoritaires et ont rejeté les amendements proposés par les Lords.
Forte augmentation des traversées en Manche
« Cette semaine, le Parlement a l’opportunité de voter une loi qui sauvera les vies de ceux qui sont exploités par les réseaux de passeurs », avait fait valoir un peu plus tôt le porte-parole du premier ministre, estimant « qu’on ne peut continuer avec le statu quo ».
Le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de petites embarcations a augmenté de 41,7 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023, atteignant un niveau record.
Au total, 6 203 personnes ont effectué la traversée depuis début janvier selon un décompte de l’AFP à partir des chiffres officiels, dont 534 sur la seule journée de dimanche, un record depuis le début de l’année.
Initialement conclu sous Boris Johnson il y a près de deux ans, le projet d’expulser des migrants vers le Rwanda n’a jamais été mis en œuvre. Le texte en cours d’examen au Parlement vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême qui a jugé le projet illégal. Il définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr.
Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais le président Paul Kagame est accusé de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.