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L’ONG Médecins sans frontières appelle l’ONU et les organisations humanitaires à « revenir au Soudan »

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Les agences des Nations unies (ONU) et les organisations non gouvernementales doivent revenir au Soudan en guerre pour aider la population, confrontée à une crise humanitaire majeure, a déclaré, mardi 16 juillet à l’Agence France-Presse, Christos Christou, le président international de Médecins sans frontières (MSF). Un tiers des personnes blessées en quinze mois de guerre sont « des femmes et des enfants de moins de 10 ans », a expliqué M. Christou, dont l’organisation aide les hôpitaux encore opérationnels dans le pays.

Une guerre oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdan Daglo. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de bombardements aveugles de zones habitées, dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l’ONU.

Selon un rapport appuyé fin juin par l’ONU, 25,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont confrontées à « une insécurité alimentaire aiguë ». Alors que le pays est plongé dans « l’une des pires crises humanitaires de mémoire récente », selon l’ONU, la grande majorité des opérations humanitaires ont été interrompues. De nombreuses organisations ont choisi « d’attendre de voir comment le conflit va évoluer », a rapporté Christos Christou dans un entretien avec l’AFP à Port-Soudan, à un millier de kilomètres à l’est de la capitale, Khartoum. Mais « nous demandons que d’autres organisations, et en particulier les agences des Nations unies, reviennent et fassent davantage », a-t-il ajouté.

Les discussions entre les deux camps et un émissaire de l’ONU se poursuivent cette semaine à Genève, centrées notamment sur l’aide humanitaire et la protection des civils. La plupart des organisations humanitaires n’ont réussi à envoyer de l’aide que dans l’est du pays, contrôlé par l’armée, et l’ONU a accusé les belligérants de « bloquer systématiquement » l’accès aux humanitaires. « Nous continuons de subir des pillages, un harcèlement du personnel médical et nous avons perdu des gens », a déploré M. Christou. Depuis le début de la guerre, l’armée et les FSR ont été accusées de pillages et d’entrave à l’aide humanitaire, ainsi que d’avoir presque détruit un système de santé déjà fragile.

Médecins menacés, patients tués

A El-Fasher, seule capitale des cinq Etats de la région du Darfour (Ouest) à échapper encore aux paramilitaires, il y a eu au moins neuf attaques contre des installations soutenues par MSF depuis la reprise des combats, le 10 mai. Partout au Soudan, des médecins ont été menacés, des patients tués et des unités pédiatriques bombardées lors d’attaques que M. Christou a qualifiées d’« intentionnelles ». « Les hôpitaux sont des lieux sacrés où les gens ont le droit de chercher de l’aide et où les patients et le personnel médical doivent être protégés », a-t-il plaidé.

La plupart des blessés dans les combats ne peuvent pas atteindre les hôpitaux, dont plus de 70 % ont été mis hors service. Dans les hôpitaux soutenus par MSF – souvent les seules installations pouvant accueillir des patients –, « presque une personne sur trois admise avec des blessures liées à la guerre est une femme ou un enfant de moins de 10 ans », a précisé Christos Christou. A l’approche de la saison des pluies, les organisations humanitaires ont averti que les inondations isoleraient des régions entières. « C’est notre cauchemar », a affirmé M. Christou, ajoutant que le schéma régulier de « malnutrition saisonnière » au Soudan a laissé place à une famine de masse imminente.

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Les agences humanitaires préviennent de longue date que seule la difficulté d’accès aux données sur le terrain a empêché que la famine soit déclarée officiellement au Soudan, mais MSF et d’autres organisations observent des « tendances croissantes de malnutrition sévère » à travers le pays. Dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le nord du Darfour, qui accueille plus de 300 000 personnes, 63 000 enfants « sont considérés comme malnutris », dont 10 % « gravement et sévèrement malnutris », a relaté M. Christou : « Cette situation devrait nous inquiéter tous. Elle devrait nous indiquer que nous devons répondre collectivement, en tant que communauté internationale, pour empêcher que cela ne s’aggrave. »

Le Monde avec AFP

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