Confronté, comme son prédécesseur Gérard Collomb, à de fréquentes grèves dans les cantines scolaires, Grégory Doucet a décidé de modifier les règles d’arrêt de travail des agents municipaux des écoles primaires. Le maire de Lyon (Europe Ecologie-Les Verts-Les Ecologistes) prépare une note de service, qui va infliger au personnel gréviste une journée entière de perte de salaire, même si le salarié n’a débrayé qu’une heure, dès lors que la hiérarchie municipale constate un « désordre manifeste » provoqué par la grève.
Cette mesure est prévue dans la loi de transformation de la fonction publique, votée en 2019. Concrètement, l’annulation des repas à cause d’une heure de grève pourrait justifier un « désordre manifeste », et le salarié gréviste se verra compter une journée entière de retenue de salaire. But de la majorité municipale : dissuader les grèves perlées, qui mettent les familles dans l’embarras. « Bien souvent, il suffit d’un seul salarié en grève une seule heure pour empêcher un service de fonctionner. Sur 105 jours ouvrés de septembre 2023 à avril, nous avons connu 93 jours avec au moins une grève dans une école avec annulation de la cantine, souvent sans négociation préalable », justifie un membre de l’exécutif lyonnais.
La proposition a été rejetée par les syndicats, dans l’avis consultatif du comité social territorial, qui réunit élus municipaux et représentants des agents publics, mardi 4 juin. La majorité, aux trois composantes de gauche (Ecologistes, Parti socialiste, La France insoumise), prévoit une délibération au prochain conseil municipal, le 27 juin.
Toucher aux modalités de grève, le sujet est sensible pour la gauche au pouvoir. Les syndicats n’ont pas apprécié. « Nous avions eu l’habitude de la droitisation de Gérard Collomb, nous voilà confrontés à nouveau à un double discours. C’est très malvenu en pleine période d’élections européennes. Les personnels dans les écoles sont ceux qui ont les salaires les plus bas. Cette mesure n’est pas obligatoire dans la loi, c’est un choix que nous réprouvons », réagit Sébastien Douillet, secrétaire général du syndicat CGT de la Ville de Lyon. Selon les syndicats, la précarité des agents se creuse, et le nombre de grèves dans les cantines resterait « limité ».
Séquence politiquement douloureuse
Pour la majorité, la symbolique est très forte et les proches du maire expliquent devoir arbitrer des intérêts contradictoires : « C’est l’épreuve de la gauche au pouvoir. » L’entourage de Grégory Doucet fait valoir que cette modification des modalités de grève est le fruit d’un long processus de concertation, et s’accompagne de plusieurs améliorations des conditions de travail des 2 000 agents municipaux, qui travaillent dans les 208 écoles primaires de la ville. Les élus prévoient 30 postes supplémentaires dans les écoles à la rentrée, pour un budget d’1 million d’euros, ainsi qu’une enveloppe de 400 000 euros consacrée aux remplacements. A la demande des syndicats, de nouveaux critères de postes bonifiés sont instaurés, ainsi que des tableaux de bord permettant de mieux déceler les situations sociales dégradées.
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