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à Mohrange, « entre le Front national et le Front populaire, j’ai les jetons »

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« C’est dimanche, pour voter pour nous. » Sur le bord de la pelouse du stade municipal de Sarrebourg (Moselle), Fabien Di Filipo distribue ses stylos siglés de son slogan de campagne, « le courage des convictions », comme des petits pains. En campagne pour sa réélection, le député Les Républicains (LR) de la 4e circonscription de Moselle est venu, en ce chaud mardi de fin juin, assister au Job dating organisé par France Travail. Dans les gradins, une majorité de femmes au chômage participant à des épreuves sportives pour tenter de se faire embaucher par les quelques employeurs locaux présents.

Carole (elle a souhaité rester anonyme), ancienne chauffeuse de bus en invalidité vêtue d’un legging et d’un tee-shirt noir, est encore rouge de sa course quand elle salue l’élu. « On croise les doigts pour vous. Cette année, ça fait peur… », lâche-t-elle. « C’est un élu gentil qui s’intègre au peuple », explique en aparté la quadragénaire qui avoue ne pas savoir pas encore pour qui voter dimanche. Elle confie ses craintes de voir le Rassemblement national (RN) accéder au pouvoir : « S’ils sortent [en tête], j’ai peur qu’ils nous enfoncent encore plus. Ils veulent tout faire pour faire partir les étrangers, mais ça va être la guerre ! »

Au lendemain des élections européennes qui ont vu la liste Bardella arriver en tête, le désarroi des électeurs est palpable dans ce coin du sud de la Moselle où on vote à droite depuis presque toujours : Sarrebourg, ancien fief de Pierre Messmer, premier ministre de Georges Pompidou, est tenue solidement par LR. Elu en 2017 dans le sillage d’Alain Marty, réélu triomphalement en 2022, Fabien Di Filippo dit pourtant se présenter « en mode outsider ». L’expression peut faire sourire tant le député semble implanté, mais il sent la vague RN monter alors que son parti traverse une nouvelle crise.

« Bon courage ! »

Le RN grignote depuis dix ans ces terres conservatrices, gagnant d’abord les villages agricoles avant de ronger les bourgs, puis les villes des confins des Vosges. Aux européennes, il est arrivé en tête à Sarrebourg avec quelque 34,7 % quand la liste LR n’atteignait que 10,8 %. Alors le candidat, qui s’affiche sans aucun logo de parti, avale les kilomètres dans sa Renault Clio noire louée pour couvrir les 271 communes de sa circonscription.

Tous les événements sont bons à prendre : ici une kermesse d’école, là une inauguration. Les tractages sur les marchés et les distributions dans les boîtes aux lettre se suivent, avec son équipe d’une vingtaine de sympathisants. L’accueil est souvent chaleureux et bienveillant. On entend des « bon courage » et des « vous allez gagner » lancés au député sortant. Lui répond invariablement, « on s’accroche ».

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