Montreuil (Seine-Saint-Denis), sa place Jean-Jaurès, son cinéma d’art et d’essai le Meliès, ses plus de 70 % pour les listes de gauche aux élections européennes. « Je voudrais des Montreuil dans toute la France », a lancé Fatiha Kelouha Hachi, ex-députée socialiste de la 8e circonscription voisine du département, lundi 17 juin au soir. A partir de 19 heures, la ville accueillait un meeting se voulant être une démonstration unitaire des forces de gauche mariant société civile, syndicats, associations, intellectuels, et les partis membres du Nouveau Front populaire, en campagne pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
A Montreuil, le scrutin ressemble plus à une « primaire de la gauche » qu’à un combat frontal contre le Rassemblement national, comme le remarquait l’ancien député La France insoumise (LFI) de la Somme François Ruffin, venu encourager les débuts de cette alliance qu’il a contribué à fonder. A Montreuil aussi, la direction de LFI règle ses comptes, en excluant des investitures, vendredi à la dernière minute, le député « insoumis » sortant Alexis Corbière – ainsi que quatre autres élus du parti –, coupables d’avoir exprimé leurs différends avec l’appareil.
C’est dans ce mélange d’ambiances, entre ambition unitaire et tensions latentes, que s’est tenue l’initiative lancée par l’économiste Julia Cagé, avec le soutien du maire communiste de la ville, Patrice Bessac. Sur scène, ce dernier disait son espoir de transformer cet accord d’appareils : « A partir de l’accord des formations politiques représentées, le Front populaire peut-il en quelques jours devenir le mouvement d’un peuple nouveau, uni dans un seul combat ? » La question reste entière. Et la place Jean-Jaurès n’était pas tout à fait pleine… Même si les organisateurs revendiquaient plusieurs milliers de personnes.
« Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de querelles inutiles »
Au lendemain d’un week-end marqué par de premières failles dans l’accord entre « insoumis », socialistes, écologistes et communistes, étant donné la colère suscitée par la décision de LFI d’évincer cinq députés (Alexis Corbière, Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône), Raquel Garrido (Seine-Saint-Denis), Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine) et Danielle Simonnet (Paris)), la formation de Jean-Luc Mélenchon était au cœur de toutes les mises en garde. « Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de querelles inutiles, a lancé la numéro un de la CGT, Sophie Binet. L’heure n’est plus aux calculs politiciens, aux comportements sectaires ou à la guerre des places. Soyez à la hauteur du moment et de notre mobilisation. » La secrétaire générale du syndicat a poursuivi en invitant toute la gauche à cesser « de mépriser le monde syndical », et à « se nourrir de ses réflexions ». Comme sa collègue de Solidaires Murielle Guilbert, elle a prévenu aussi que « jamais » son syndicat ne lâcherait son indépendance vis-à-vis des partis. Même si la gauche accédait à Matignon.
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