Home Politique Après la visite d’Etat de Macron en Allemagne, un nouvel élan franco-allemand

Après la visite d’Etat de Macron en Allemagne, un nouvel élan franco-allemand

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Protocolaire par essence, la visite d’Etat d’un président de la République à l’étranger peut aussi avoir une charge symbolique et, par là, produire des effets politiques positifs. C’est l’espoir que suscite le riche voyage de trois jours que vient de faire Emmanuel Macron en Allemagne, du 26 au 28 mai.

Cette visite d’Etat, la première d’un président français depuis celle de Jacques Chirac en 2000, était d’autant plus opportune qu’elle intervenait à un moment où la relation franco-allemande traverse une passe difficile, marquée par de multiples désaccords, alors que l’Europe est de nouveau confrontée à la guerre sur le continent. De ce point de vue, elle a atteint son but : redonner du souffle à une relation qui en avait terriblement besoin, et qui reste cruciale pour la dynamique d’ensemble de l’Union européenne.

Pour ce faire, la partie allemande n’a pas ménagé ses efforts. Le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, partenaire du chef de l’Etat dans ce type de visite et ancien ministre des affaires étrangères, a apporté la chaleur qui fait parfois défaut à ces échanges et habilement décrypté le mode de fonctionnement de son homologue français, dont les embardées brutalisent souvent les habitudes allemandes : « Là où nous voyons des difficultés, a-t-il analysé, lui voit des horizons. »

Accueil enthousiaste

Le choix de Dresde comme étape du périple présidentiel était particulièrement judicieux. Il a permis de replacer la relation franco-allemande dans sa perspective historique, dans une ville qui témoigne à la fois des plaies de la deuxième guerre mondiale et des cicatrices de la réunification de 1990, dont de nombreux Allemands de l’Est considèrent aujourd’hui qu’ils n’en ont pas bénéficié de manière égalitaire. Le discours résolument pro-européen de M. Macron devant la Frauenkirche, église du XVIIIe siècle reconstruite après-guerre, avait aussi une portée symbolique lourde dans cette région où l’extrême droite allemande opère sa poussée la plus spectaculaire.

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L’accueil enthousiaste réservé au président français à Dresde par une foule nombreuse et attentive, attirée dans la ville par le festival de musique de la Fête de l’Europe, a tranché à la fois avec les rencontres moins chaleureuses auxquelles Emmanuel Macron est habitué chez lui et avec l’impopularité du chancelier Olaf Scholz. Nul n’est prophète en son pays : ce contraste n’a pas échappé aux médias allemands, dont certains se sont étonnés que les Français dédaignent un président si communicatif, en relevant que, des deux côtés du Rhin, les dirigeants s’attendent à de lourds revers électoraux au soir du scrutin du 9 juin pour le Parlement européen.

La partie plus concrète de cette visite, qui s’est achevée mardi par un conseil des ministres franco-allemand et un conseil de défense présidés par MM. Scholz et Macron, a montré les limites des manifestations symboliques et des grands discours : aucune percée importante dans l’agenda commun Paris-Berlin n’a été enregistrée. Mais, là aussi, une chaleur et un élan nouveaux ont été perceptibles, ainsi que la volonté d’aller de l’avant sur les dossiers difficiles.

Il faut maintenant bâtir sur le souffle de Dresde : c’est ce qu’attendent la plupart des partenaires européens de Berlin et Paris, conscients que, malgré le poids croissant que la guerre en Ukraine confère aux pays du nord et de l’est de l’UE dans la dynamique européenne, l’unité entre les deux pays, expérience historique exemplaire et à ce jour unique, reste vitale pour toute avancée en Europe.

Le Monde

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