Le premier ministre appelle à un « sursaut d’autorité » à l’égard des plus jeunes tenus pour être démesurément violents ou susceptibles de l’être. Comme le président de la République, qui tenait pour responsables des émeutes de l’été 2023 des enfants ayant échappé à l’autorité parentale. L’un et l’autre fustigent des parents démissionnaires et dénoncent une « culture de l’excuse ».
Ce discours sur la violence exponentielle des enfants n’est pas d’aujourd’hui. Jadis les Apaches, puis les blousons noirs, plus récemment les sauvageons. Il est court. La violence naturelle des plus jeunes est indéniable et s’est accentuée depuis les années 1980 ; pour autant, elle ne peut pas servir d’écran de fumée aux problématiques sociales profondes de notre société restées sans réponses. Surtout, assurer la sécurité exige non seulement de s’attacher à juguler des jeunes d’ores et déjà inscrits dans des processus de violence, mais à s’attaquer aux causes pour éviter de nouvelles vagues.
Or, le plan avancé par le gouvernement relève de l’improvisation et de l’activisme. Il a le souci d’identifier le pouvoir sur la lutte contre l’insécurité, fonction régalienne s’il en est, sans être de nature à répondre aux enjeux.
Introduire la comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans ? D’ores et déjà, avec le code de justice pénale des mineurs entré en vigueur en 2021, ils peuvent être jugés dans un délai d’un mois et entre-temps placés en détention provisoire. Dès 13 ans, la détention provisoire pour crime est possible, comme toutes les affaires récentes l’ont illustré.
Mise en œuvre délicate
En remettant en cause l’excuse atténuante de minorité, veut-on punir les enfants comme des adultes en consacrant une justice à l’acte et non pas à la personne qui le commet, à l’encontre du principe d’individualisation des peines ?
Des peines de travail d’intérêt général à l’encontre des parents défaillants en sus des amendes et emprisonnements qui sont déjà prononcés ? Les parquets, à l’instar de celui de Metz, ont mis en place depuis quinze ans des stages parentaux présentés comme une réponse immédiate, mais d’une mise en œuvre plus délicate, car cela nécessite du temps et de l’argent.
Que dire du recours aux internats scolaires ? A défaut d’accompagnement social, ils seront d’un recours limité. Comment y conduire les jeunes décrocheurs ? Surtout, comment les y maintenir ? A l’expérience, il faut un minimum d’adhésion parentale ; or on entend s’attacher à des enfants en carence parentale ! On peut certes y arriver, mais avec des travailleurs sociaux et des juges qui, en prenant le temps, convaincront parents et enfants du bien-fondé du projet. Où sont ces éducateurs et ces juges ?
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