Au quartier de la Morlande, à Avallon : « C’est tellement important, cette fois »
C’est la troisième fois que Marion Lebas, 20 ans, dépose un bulletin dans l’urne, et il est toujours le même, celui du Rassemblement national. A la sortie du bureau numéro 6, dans le quartier de la Morlande, à Avallon (Yonne), elle serre son sac contre elle et parle d’une voix peu assurée : « Je veux retrouver la France comme avant, pouvoir donner mon opinion sans être agressée à chaque coin de rue. Bardella, il est très intelligent, il sait ce qu’il a à faire. »
Juste derrière elle, il y a Marie Blandin, 30 ans. Son village est à 8 kilomètres de là, mais elle a convaincu l’une de ses amies de lui confier sa procuration. « C’est tellement important, cette fois. » Dimanche, elle a donc donné deux voix au candidat du Nouveau Front populaire. Deux voix, c’était aussi le score de LFI dans son village aux élections européennes, où le RN a rassemblé 52, 21 % des votants.
Ce bureau numéro 6 est celui de Jamilah Habsaoui, la maire (divers gauche) d’Avallon, qui est née et a grandi dans le quartier. Ce matin tôt, madame la maire a voté par procuration. Placée sous contrôle judiciaire, elle a interdiction de venir dans l’Yonne depuis sa mise en examen, en avril, pour « détention et complicité d’offre ou cession de produits stupéfiants », aux côtés de deux de ses frères et de trois autres personnes.
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Des perquisitions menées dans un cabanon de jardin, derrière la maison dont elle est propriétaire, mais où ne vit que son père malade, ont permis de saisir 70 kilos de cannabis et près d’un kilo de cocaïne. Une vingtaine de lingotins d’or, dont deux seuls étaient vrais, et 7 000 euros en espèces, ont également été découverts au domicile de ses frères et de trois autres personnes. Lors de son interrogatoire, Rachid Habsaoui, soudeur pour la SNCF, condamné il y a vingt ans pour stupéfiants, a mis totalement hors de cause sa sœur en affirmant qu’elle ignorait tout et que lui-même ne servait que de « nourrice ».
A Avallon, après la sidération des premiers jours, le calme est revenu. Quand on évoque « Jamilah », c’est davantage pour s’inquiéter d’elle et souligner son engagement, sa disponibilité et son écoute.
Le bureau de vote voisin est celui de Sofiane Meziani, 31 ans, peintre en bâtiment. Il a la double nationalité franco-algérienne. Il « vote tout le temps », d’autant plus que son épouse, de nationalité algérienne, employée chez Auchan, n’a pour l’heure qu’une carte de séjour. « Pour ma femme, pour ma mère, je m’inquiète », dit Sofiane. Dans les deux bureaux de vote de la Morlande, les assesseurs ont rarement vu autant de monde.
