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Dans le Loir-et-Cher, un jour de vote pas tout à fait comme les autres

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9 h 15, au bureau de vote 406, installé dans la salle de motricité de l’école Louise-Michel, dans une ruelle bourgeoise de Blois. Corinne Magnier, la cinquantaine, sort de l’isoloir. « Je ne vote jamais mais là, l’enjeu est trop important, explique-t-elle. Ça n’existe pas, un monde de Bisounours, mais il est grand temps de ramener de la paix dans ce pays. Il faut que nos politiques se battent avant tout pour notre système de santé ! Les gens ne s’en rendent pas compte mais au final, c’est le sujet le plus important. »

Soudain, une main tapote son épaule. C’est le maire de Blois, Marc Gricourt, cravate bleue et teint hâlé, venu voter. « Toi aussi tu as candidaté, c’est ça ? », plaisante-t-il. L’élu socialiste s’était porté candidat d’une union de la gauche juste après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale… mais avant que le Nouveau Front populaire (NFP) ne préfère désigner Reda Belkadi, jeune militant de La France insoumise (LFI). « Ma crédibilité aurait pu être à même de défier le député sortant ministre de l’agriculture [Marc Fesneau] et damer le pion à l’extrême droite », avait-il alors déclaré, amer. Vendredi 28 juin, Reda Belkadi a finalement perdu son investiture après qu’une dizaine de tweets antisémites, publiés entre 2018 et 2019, ont été mis à jour. Même si le voici sans étiquette, ses bulletins de vote estampillés LFI et NFP sont bien-là. Et quand on leur demande, bien peu d’électeurs semblent être au courant du revirement.

10 heures, au marché de la place Bernard-Lorjou, dans les quartiers populaires de Blois. Comme ailleurs, la tentation du vote Rassemblement national est bien présente. Mohamed Saoudi, 70 ans, tient un stand d’ustensiles de cuisine et de vêtements d’été. Parmi ses trois enfants, deux garçons travaillent à l’usine, une fille termine ses études supérieures à Paris. « A Bac + je ne sais pas combien ! Chez nous, personne ne profite de l’aide sociale et on est beaucoup comme ça, alors pourquoi nous mettre tous dans le même sac ? », questionne-t-il. M. Saoudi a suivi la campagne électorale de très près, et des militants sont venus distribuer des tracts devant son commerce. Il ira voter tout à l’heure : « Si j’ai quitté l’Algérie, c’est pour vivre bien avec tout le monde. Je suis fier de vivre dans la République, j’ai bien vu sur TikTok que Madame [Marine] Le Pen était une candidate carrée, qu’elle n’allait pas embêter les binationaux. De toute façon, mes enfants, au bled, ils ne sauraient même pas parler le kabyle. »

11 h 20, à la salle des fêtes de Marolles (Loir-et-Cher), petit village beauceron à une douzaine de kilomètres de la zone à urbaniser en priorité de Blois. Durant la campagne, le candidat du Mouvement démocrate Marc Fesneau et sa suppléante Mathilde Desjonquères y ont tenu une réunion publique. « On espère que Fesneau restera ministre de l’agriculture. Il a fait de bonnes choses pour nous », dit Jean-Luc Creiche, agriculteur, en bras de chemise, les yeux rivés sur ses chaussures. Son fils Benjamin, apprenti à la ferme, approuve en silence. Maxime (il ne souhaite pas donner son nom de famille), paysagiste salarié, pull blanc sur un corps bodybuildé, sort précipitamment. Quand on l’interpelle, il marmonne : « Avec mes amis, on pense tous la même chose. On ne veut plus bosser pour ceux qui ne foutent rien. Si… si cette droite-là passe, il y aura encore des émeutes, ça c’est certain, mais ça se passera bien. Regardez l’Italie ! »

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