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« Dans un contexte économique et social durci et d’intenses turbulences internationales, un renversement du gouvernement risquerait de déclencher une crise à tiroirs »

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La question, depuis quelques jours, revient comme un poncif : y aura-t-il un gouvernement à Noël ? Et au-delà, y aura-t-il un budget ? Quand le premier ministre, Michel Barnier, décidera d’activer l’article 49.3 de la Constitution pour adopter le projet de loi de finances sans vote – une hypothèse « probable », a-t-il indiqué –, les députés d’opposition, à gauche et à l’extrême droite, mêleront-ils leurs voix pour le faire tomber ?

Sur le plan mathématique, l’équation est imparable : si les 126 députés du Rassemblement national (RN) – et 141 avec les élus d’Eric Ciotti – soutiennent une motion déposée par le Nouveau Front populaire (192 députés), comme ils l’ont déjà fait à l’été 2023 au moment de l’examen de la réforme des retraites, le gouvernement sera renversé. « Il tombera entre le 15 et le 21 décembre », a pronostiqué l’« insoumis » Jean-Luc Mélenchon, qui rêve d’une présidentielle anticipée, sur fond de chaos institutionnel et politique.

Pour Michel Barnier, cette menace semblait s’être éloignée. Elle revient à la faveur du réquisitoire prononcé à l’encontre de Marine Le Pen, jugée lors du procès des assistants d’eurodéputés de son parti. Depuis que le parquet a requis, mercredi, une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate, le ton a changé au RN, qui avait donné une forme de bénédiction préalable à l’ex-négociateur du Brexit lors de sa nomination.

Quand ils ont appris, vendredi soir, que Marine Le Pen s’était invitée au « 20 heures » de TF1, une certaine fébrilité a gagné les cabinets ministériels, qui ont cru que l’ex-candidate à la présidentielle allait annoncer son intention de censurer le gouvernement. Elle n’en a rien fait. Mais elle a considéré que ce réquisitoire « révoltant » revenait à demander sa « mort politique », retrouvant les vieux réflexes antisystèmes de son parti, loin de ses velléités de normalisation et de respectabilité.

Au-delà de la tactique (allumer un contre-feu politique pour faire oublier ses déboires judiciaires), Marine Le Pen doit apaiser la frustration de ses élus qui ne peuvent revendiquer aucune victoire budgétaire, quand le chef de file des députés du parti Les Républicains (LR, groupe La Droite républicaine), Laurent Wauquiez, a pu se targuer d’avoir obtenu une supposée revalorisation des pensions. Les députés RN se sentent peu considérés par un premier ministre qui a rejeté leurs amendements, loin des égards estivaux, quand Michel Barnier s’était empressé d’appeler Marine Le Pen pour lui signifier que son parti ne devait pas être exclu de l’arc républicain, contrairement à ce que venait d’affirmer son ministre de l’économie, Antoine Armand.

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