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Elections européennes : anatomie d’une drôle de campagne

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Alors que la campagne des élections européennes se termine ce vendredi 7 juin à minuit, quel bilan provisoire peut-on tirer de la campagne pour les élections européennes ? Cette question en appelle d’emblée une seconde : à quoi servent ces campagnes ? Et celle qui s’achève aura-t-elle rempli sa mission ? En nous fiant aux principales théories politiques, nous pouvons leur assigner trois fonctions au moins : éveiller l’intérêt pour le scrutin et en comprendre les enjeux ; comparer les différents candidats ; choisir enfin – choisir, surtout.

Une campagne « réussie » (entendons satisfaisante d’un point de vue démocratique) mêlerait intérêt croissant pour le scrutin, « bonne incertitude » concernant ses résultats, mobilisation des électeurs et réduction du choix par défaut. Les données de l’enquête conduite du 27 au 30 mai par Ipsos pour l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et Le Monde révèlent, sur l’ensemble de ces dimensions, un constat en demi-teinte.

Sur l’intérêt et la compréhension du scrutin d’abord. En quelques mois, l’intérêt pour l’élection européenne a progressé, passant de 46 % en novembre 2023 à 62 % au mois de mai – seuls 14 % des Français ne sont « pas intéressés ». La campagne aura donc, dans une certaine mesure, permis d’aiguiser l’intérêt des Français. Mais l’optimisme très relatif de l’analyse s’arrêtera là. La participation, estimée à 43 % en novembre, se hissait laborieusement à 47 % à une semaine de l’élection, fixée au 9 juin en France.

Questions nationales

Presque partout ailleurs en Europe, elle est estimée en hausse : 78 % en Allemagne, 70 % en Italie et en Pologne, 86 % aux Pays-Bas. Interrogés sur les sentiments provoqués par la campagne, les qualificatifs négatifs (déception, colère, dégoût) l’emportent sur les sentiments positifs (passion, intérêt, espoir) – 59 % pour les premiers, 56 % pour les seconds. Plus préoccupante encore est la perception de l’utilité démocratique du scrutin : 62 % des interrogés estiment que les élections européennes « ne sont pas efficaces pour faire entendre leurs voix », les reléguant derrière toutes les autres échéances électorales.

Force est de constater que la campagne aura également échoué à faire émerger les sujets européens : 53 % des électeurs interrogés déclarent qu’ils tiendront compte avant tout des propositions des partis sur les questions nationales, contre 47 % sur les questions européennes.

Lorsqu’on les interroge sur leurs sujets de discussion de ces dernières semaines, ils placent l’élection européenne en quatrième position, derrière la Nouvelle-Calédonie, l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure le 14 mai et la préparation des Jeux olympiques. Sur cette première dimension, concluons que la campagne n’aura que partiellement joué son rôle.

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