Prix d’interprétation
Que voyez-vous sur cette image ? Un homme aux abois, dangereux, habile, audacieux, pathétique ou déprimé ? Un président suicidaire, pyromane, kamikaze, fin stratège, manœuvrier, cohabitationniste ou plutôt démissionnaire ? Tout ça à la fois ? Ou rien de tout cela ? Depuis le séisme électoral du 9 juin, et l’annonce de la dissolution, chacun, dans cet océan d’incertitudes, s’accroche à des convictions aussi intimes que parfaitement inaudibles pour son voisin… A ce stade, une seule chose, en réalité, ne se discute pas : Emmanuel Macron, à l’heure du drame, était en noir.
Tableau noir
Fallait-il y voir un symbole et une mise en condition visuels ? Ou simplement, de façon pragmatique, le recours au premier costume qui passait par là, celui que les cérémonies liées à l’anniversaire du Débarquement avaient imposé les jours précédents ? Le port du noir, en de funestes circonstances, est en tout cas une histoire bien française et tout à fait historique. C’est la reine Anne de Bretagne qui, la toute première, rompit la tradition du blanc porté à un enterrement et imposa le noir, en 1495, à la mort de son fils…
Amour de soie
Pour accompagner ce costume-là, Emmanuel Macron avait opté pour une cravate noire en grenadine de soie, matière texturée inventée en Espagne, dans la région de Grenade, au Moyen Age, et désormais fabriquée quasi exclusivement autour de Côme, en Italie, par des artisans experts… Autant dire que, si cette cravate-là doit faire office de corde au cou, alors son choix est particulièrement sophistiqué. Et son nœud, un simple demi-windsor, est accessoirement bien trop lâche.
Seigneur des anneaux
Aux mains, bien en évidence, Emmanuel Macron portait également, en guise d’accessoire, deux alliances. On connaît parfaitement leur histoire. Main gauche, l’alliance ayant scellé l’union de M. et Mme Macron en 2007. Main droite, le cadeau offert en 2002 par Brigitte à son ancien élève, au moment de son départ au Nigeria en tant qu’étudiant à l’ENA. A ceux qui se demandent si Emmanuel Macron est un président aux mains liées, répondons donc oui.
Or de propos
Notons enfin la finesse et l’éclat du garde-corps en fer forgé situé sur la terrasse élyséenne, derrière le président. Les spécialistes de ferronnerie d’art verront dans la lourde pièce en question à la fois le classicisme du XVIIe siècle et le style rococo du XVIIIe. D’un côté, on distingue les lignes droites et les effets de symétrie. De l’autre, on reconnaît les coquilles et les feuilles d’acanthe plaquées d’or. Une cohabitation ? Oui, mais l’overdose de métaphores nous guette…