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« En Inde, les élections générales se distinguent cette année par leur caractère non démocratique »

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En apparence, la campagne électorale en cours en Inde ressemble à s’y méprendre à celle de 2019. On retrouve les mêmes acteurs, le premier ministre sortant, Narendra Modi, est opposé au chef du Parti du Congrès, Rahul Gandhi, et les mêmes thèmes, l’opposition dénonçant les politiques économique et sociale du gouvernement, tandis que le parti au pouvoir, le Parti du peuple indien (BJP), outre la personne de son chef (son atout maître), reprend les antiennes du nationalisme hindou.

Quelques inflexions intéressantes sont toutefois à noter. M. Modi ne se veut plus seulement le gardien de la nation indienne face à la menace pakistanaise − le leitmotiv de sa campagne de 2019 au cours de laquelle il avait répliqué à un attentat en envoyant des avions de chasse en territoire ennemi –, il se veut aussi le grand prêtre de la communauté hindoue. Il a endossé ces nouveaux habits, le 22 janvier, lorsqu’il a exécuté lui-même, devant une forêt de caméras, les rituels inaugurant le temple d’Ayodhya, que son parti souhaitait construire sur les décombres d’une mosquée du XVIe siècle détruite par ses partisans en 1992. L’inauguration de ce temple, prétendument bâti sur le lieu de naissance du dieu Ram, a marqué le coup d’envoi de la campagne et en a donné le « la ».

Mais il ne s’agit que d’une différence mineure par rapport à 2019, car, sur le fond, la cause est entendue depuis la première victoire de Narendra Modi en 2014 : son gouvernement cherche à transformer l’Inde en un Hindu Rashtra, un Etat-nation hindou, où les musulmans ne seraient plus que des citoyens de seconde classe. Ce projet a été inscrit dans le droit à travers des lois excluant les réfugiés musulmans de pays voisins de l’accès à la citoyenneté indienne et rendant les conversions à d’autres religions que l’hindouisme très difficiles, comme d’ailleurs les mariages interreligieux.

Dénonciation des faiblesses

Au-delà du droit, les musulmans sont la cible de groupes nationalistes hindous qui exercent une véritable police culturelle sur les autoroutes − ils y patrouillent pour vérifier que des musulmans n’amènent pas des bovins à l’abattoir, la vache étant un animal sacré − ou dans la rue et sur les campus pour empêcher de jeunes musulmans de fréquenter des hindoues, de peur qu’ils les séduisent et les convertissent. Cette police culturelle est assortie de passages à tabac, voire de lynchages.

Du côté de l’opposition aussi, on observe quelques thèmes nouveaux, à commencer par la dénonciation des faiblesses dont le gouvernement Modi fait preuve vis-à-vis de la Chine. A la suite des incursions de l’armée chinoise dans l’Himalaya, en 2020, qui avaient causé la mort de 20 soldats indiens, Pékin a pris le contrôle de nombreux territoires revendiqués par l’Inde, comme l’attestent des photos satellites.

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