Home Politique En Nouvelle-Calédonie, des législatives « irréelles » qui aggravent les divisions

En Nouvelle-Calédonie, des législatives « irréelles » qui aggravent les divisions

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Mercredi 19 juin, les rideaux de fer des magasins de la capitale se sont baissés en fin de matinée, et les habitants de Nouméa ont massivement quitté le centre-ville dans des embouteillages monstres, laissant derrière eux des rues aussi désertes qu’aux premiers jours des violentes émeutes contre la réforme du corps électoral, mi-mai.

Un mouvement de peur, qui fait suite à l’annonce de l’arrestation, le matin même, de Christian Tein, le leader de la CCAT, la cellule de coordination des actions de terrain, à l’origine de la mobilisation contre le projet de réforme, qui a fait neuf morts, dont deux gendarmes, et, au bas mot, 1,5 milliard d’euros de dégâts. Interpellé en même temps que dix autres personnes, il pourrait passer jusqu’à quatre-vingt-seize heures en garde à vue, les faits qui lui sont reprochés – « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit », « complicité par instigation de meurtres et tentative de meurtres », etc. – relevant du crime organisé. L’Union calédonienne (UC), le parti dont la CCAT est l’émanation, a appelé au calme, mais les forces de l’ordre ont érigé une forteresse de métal autour du siège de la gendarmerie, où se déroulent les gardes à vue.

Dans ce contexte, la tenue des élections législatives, les 30 juin et 7 juillet, semble totalement « irréelle » à Guillaume Denis, Néo-Calédonien croisé dans les embouteillages. « C’est vraiment la dernière de mes préoccupations », confie le père de famille, qui se demande « quand est-ce que le calme va enfin revenir ».

Aucune investiture du parti présidentiel

Du côté des états-majors, la crise que traverse la Nouvelle-Calédonie rebat bon nombre de cartes. Va-t-elle favoriser les extrêmes ? Ou « réveiller la majorité silencieuse, plus encline au dialogue », comme veut le croire Philippe Dunoyer (Calédonie Ensemble, groupe Renaissance), député sortant de la 1re circonscription ? Elle a en tout cas fait voler en éclat la fragile alliance de toutes les droites qui avaient permis à Renaissance d’emporter les deux sièges de députés de l’archipel, en 2022.

Nicolas Metzdorf (Générations NC, groupe Renaissance), député de la seconde circonscription, a décidé de venir chasser sur les terres de son coéquipier d’hier, Philippe Dunoyer, dans un duel fratricide entre candidats macronistes. M. Metzdorf se présentera dans la 1re circonscription, pour laisser ses chances dans la 2de à Alcide Ponga, président du Rassemblement-Les Républicains.

Même le parti présidentiel refuse de se mouiller. Le message a été passé par le conseiller outre-mer de l’Elysée aux intéressés : aucune investiture ne sera donnée pour la Nouvelle-Calédonie. De quoi laisser perplexe dans le parti de Philippe Dunoyer, Calédonie ensemble, qui saluait encore, mardi, la lettre ouverte d’Emmanuel Macron aux Néo-Calédoniens, appelant, entre autres, à la responsabilité des élus. Un texte qui, selon Calédonie ensemble, « s’inscrit résolument dans la perspective, du dialogue du consensus et de la paix, ce dont nous nous félicitons ».

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