L’effervescence autour de la nouvelle génération d’intelligence artificielle (IA), l’IA générative, entretenue par les multinationales de la tech, doit offrir l’occasion de questionner les enjeux liés à cette accélération du progrès technique. Ils sont sociaux, économiques, éthiques, démocratiques, et questionnent le modèle même de son développement au regard de son impact environnemental. A-t-on besoin de l’IA partout, et pour faire quoi ? Voulons-nous dépendre de l’IA dans l’exercice de nos missions ? Quelles sont les limites de son développement ?
Loin de se poser ces questions, le gouvernement, avec sa Commission de l’intelligence artificielle, a publié, le 13 mars, un rapport contenant 25 recommandations pour que « la France puisse tirer parti de cette révolution technologique ». Ses recommandations sont assorties de budgets de plusieurs milliards d’euros qui, sans surprise, iront dans les poches d’entreprises privées, sans conditionner les aides publiques versées et sans apporter de garanties aux travailleurs et aux citoyens.
En engageant la nation « encore plus vite et encore plus loin » dans le numérique et « sans régulation », comme l’a annoncé, le 19 septembre 2023, Bruno Le Maire, le gouvernement s’affranchit de tout débat, pourtant nécessaire pour introduire une telle technologie capable de refaçonner nos sociétés. Pour les ingénieurs, cadres, chercheurs et techniciens de la CGT, la conception, les conditions de mise en place et l’utilisation des dispositifs d’IA nécessitent un véritable débat sociétal. Ce serait d’ailleurs l’occasion de revitaliser notre démocratie, en remettant au centre des enjeux les relations sociales et la négociation collective laissées en berne. La démocratie ne se décrète pas à coups de 49.3. Elle a besoin de ses corps intermédiaires et de ses syndicats pour exister.
Le travail, dans toutes ses dimensions, éclaire les sujets à traiter pour répondre aux défis sociaux et environnementaux, et constitue un puissant levier pour orienter et accompagner au mieux les évolutions humaines. C’est en mobilisant ces nouvelles technologies que nous pourrons garantir la transition écologique et assurer le progrès social. Le numérique, avec toutes ses déclinaisons (IA, objets connectés, blockchain, puces RFID [de l’anglais Radio Frequency Identification], etc.) permet d’obtenir la traçabilité de l’activité des entreprises sur les conditions sociales et environnementales de fabrication des services et produits manufacturés.
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