Après avoir admis devant sa hiérarchie avoir joué un rôle dans le livre (écrit à la première personne) de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, le journaliste Jean-François Achilli a été licencié par Radio France pour « manquements répétés aux obligations déontologiques relatives aux collaborations extérieures », a appris Le Monde, lundi 29 avril. L’éditorialiste politique interrogeait tous les jours pour cette station de Radio-France une personnalité politique en fin d’après-midi, et coprésentait le soir sur la même antenne « Les informés », un talk-show d’actualité.
A la suite de la publication de l’article du Monde le 13 mars rapportant la genèse du livre de l’eurodéputé d’extrême droite et dévoilant leur collaboration, depuis l’été, sur Jordan, ce dernier avait été suspendu de l’antenne à titre conservatoire en attendant un entretien préalable à une éventuelle procédure disciplinaire, qui s’est tenu début avril.
Devant sa direction, l’ancien journaliste de France Inter et de BFM-TV avait réfuté le 14 mars tout conflit d’intérêts avec le président du Rassemblement national (RN) et reconnu seulement avoir fait des « retours » et émis des « avis » sur le manuscrit, indiquait au Monde un cadre de Radio France. Le texte, dont seule une grosse moitié est achevée, s’intitulait Jordan, avec pour sous-titre – en référence aux ascendances italiennes de l’auteur – « venu d’ailleurs, devenu d’ici » , a reconnu M. Bardella sur France 5.
Par ailleurs, selon une enquête de Libération publiée le 17 avril, M. Achilli multiplie depuis plusieurs années les media trainings pour une société de conseil en communication, Tilder, et a entraîné à l’exercice de la parole notamment plusieurs chefs d’entreprise, notamment de la SNCF et du groupe de distribution Casino. Il a par ailleurs créé sa propre société, Pantanu, pour facturer des activités, rapporte Télérama le 18 avril. Devant la direction de Radio France, le 14 mars, il a expliqué qu’il avait l’habitude de discuter de projets de livres avec des personnalités politiques, indiquait au Monde un cadre de l’entreprise.
Dans un courriel envoyé aux salariés le 21 mars, la direction de Franceinfo avait rappelé les règles de Radio France, précisant que « toute collaboration extérieure, dès qu’elle est envisagée, doit faire l’objet d’une information à la hiérarchie et de son autorisation expresse et préalable ». Le non-respect de ces règles « peut constituer une faute professionnelle », avait averti la direction.
Le cas de M. Achilli avait été évoqué jusqu’à l’Assemblée nationale. Le 20 mars, répondant à une question du député RN de l’Oise et ancien journaliste de LCI, Philippe Ballard, la ministre de la culture, Rachida Dati, avait rappelé les règles « très strictes » de Radio France. « En amont de toute collaboration, même, à la limite de toute discussion, pour éviter tout conflit d’intérêts, il suffisait qu’il informe sa direction pour dire s’il y avait une collaboration envisagée. Ça n’a pas été le cas, puisque Radio France l’a appris par la presse ».