Trois jours de carence, contre un actuellement, et 90 % de la rémunération au-delà de cette période. C’est ce que le gouvernement envisage, par amendements au projet de budget 2025, pour les agents de la fonction publique afin de réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies annuelles et de lutter contre l’absentéisme (quatorze jours et demi en moyenne, par agent, en 2022).
Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, s’y est dit « favorable », posant, néanmoins, une « condition », « que les potentiels 900 millions d’euros qui seraient économisés (…) puissent être utilisés pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat », a-t-il déclaré sur France 2, lundi 28 septembre. Sur RTL, le vice-président du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, a émis des doutes sur la « méthode ». « C’est une piste qu’il faut regarder avec attention », a-t-il assuré, tout en se disant « un peu dubitatif sur le financement, c’est-à-dire sur ce que ça rapporterait ».
A l’inverse, la mesure est jugée « scandaleuse » par le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard. Pour le député des Bouches-du-Rhône, il s’agit d’une tentative « de faire des économies en montrant du doigt les fonctionnaires », estimant qu’il faudrait plutôt « lutter contre les raisons de la souffrance au travail », a-t-il déclaré sur France Inter. Le député a affirmé que les conditions de travail dans la fonction publique s’étaient « très largement dégradées ces dernières années, parce qu’il n’y a pas suffisamment de postes ».
Un absentéisme qui « déstabilise les services publics », pour la coalition gouvernementale
M. Bompard a dénoncé une inégalité entre les agents du public et les salariés du privé, faisant valoir que, dans le privé, dans 75 % des cas les fonds de prévoyance des entreprises prennent en charge les jours de carence.
Dans le camp de la coalition gouvernementale, on défend une mesure efficace pour lutter contre un absentéisme qui « déstabilise les services publics ». « En 2018, quand on a créé un jour de carence, on a vu que l’absentéisme de courte durée à l’éducation nationale avait baissé quasiment de 25 % », a défendu le député Ensemble pour la République et président de la commission des affaires sociales Frédéric Valletoux, sur TF1.
Dans un entretien accordé au Figaro, le ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, estime qu’il s’agit de deux mesures de « responsabilisation » des fonctionnaires. Il ajoute aussi que trois autres mesures « d’accompagnement » portant sur « l’amélioration de la qualité de vie au travail, la débureaucratisation et la protection des agents face aux actes de violences » seront proposées.