Home Politique la campagne du « quoi qu’il en coûte »

la campagne du « quoi qu’il en coûte »

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Est-ce un effet de l’inflation ? Depuis le début de la courte campagne ouverte au soir du 9 juin, l’unité de mesure n’est plus le milliard d’euros, ni même la dizaine de milliards, mais la centaine de milliards. Majorité et oppositions se renvoient à la figure des chiffres à onze zéros qui donnent le tournis, bien qu’issus de calculs approximatifs car réalisés sur la base de promesses tenant pour beaucoup d’entre elles en une phrase. « Un coût d’au moins 100 milliards », a déclaré Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 12 juin à propos du programme du Rassemblement national (RN). « Des centaines de milliards d’euros de dépenses supplémentaires » pour le programme de la gauche, a prévenu le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « Mille milliards d’euros de dette supplémentaire » depuis 2017, répondent en chœur le RN et la gauche, renvoyant le gouvernement à sa propre irresponsabilité budgétaire depuis 2017.

Pourtant, ni la majorité ni les oppositions ne peuvent revendiquer le sérieux et la sincérité des chiffres. Le gouvernement, premier à diffuser des estimations fantaisistes des promesses de ses adversaires, a récemment été sanctionné par l’agence de notation Standard & Poor’s. La gauche voit, pour sa part, dans ces chiffres colossaux la preuve de son volontarisme politique, tandis que l’extrême droite recule déjà, admettant tacitement que ses promesses ambitieuses pour les retraites ou le pouvoir d’achat ne résisteront pas à l’épreuve du réel.

« Personne ne fait de trajectoire honnête, pas plus qu’en 2022, mais cela ne pose aucun problème dans le débat public français », s’étonne Xavier Jaravel, professeur associé à la London School of Economics, qui déplore la quasi-absence en France d’institutions non partisanes faisant autorité sur la question en période électorale.

A ce stade, aucun des partis en campagne n’a estimé le coût de son propre programme, laissant aux autres le soin de le faire. Même le premier ministre, Gabriel Attal, qui a promis lors de sa conférence de presse, jeudi 20 juin, une « règle d’or budgétaire », a balayé le sujet d’un revers de la main. « Les mesures que nous proposons, elles sont financées, a-t-il répété. S’il y en a qui sont crédibles et qui assument les efforts qui sont demandés pour financer le programme c’est nous ! On est les seuls ! »

Accusations d’irresponsabilité budgétaire

La prime Macron relevée à 10 000 euros ne coûte rien puisque c’est de l’argent qui n’aurait pas été versé, affirme le locataire de Matignon, ignorant le risque d’un effet de substitution avec les salaires, pourtant décrit par les économistes. La suppression des frais de notaires pour les transactions de moins de 250 000 euros coûte 2 milliards, mais vient remplacer une baisse d’impôt promise en début d’année, donc déjà comptabilisée. Et la future baisse de cotisations pour les salariés au niveau du smic se ferait « à coût constant », affirme-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire. Quant à la ristourne sur les factures d’électricité, elle résulte d’une évolution du marché, donc sans impact budgétaire. L’institut Montaigne, un think tank libéral, chiffre pourtant le coût de ces mesures entre 12 et 14 milliards d’euros. Et ne s’est pas penché sur d’autres, comme la mutuelle à 1 euro par jour.

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