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La macronisation de Jordan Bardella, la melonisation du Rassemblement national avant les législatives

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Depuis les élections européennes, Jordan Bardella a ajouté dans son bureau un élément de décoration, qu’il met en évidence sur ses vidéos pour les réseaux sociaux : la Marianne d’Obey, street-artiste américain. L’œuvre favorite d’Emmanuel Macron, qui décore son bureau de l’Elysée. Par de petites touches de moins en moins subtiles, l’aspirant au poste de premier ministre envoie des signaux à l’électorat macroniste, qu’il a toujours été convaincu de pouvoir séduire, au moins en partie. Lors de son débat télévisé face à Valérie Hayer, le 2 mai, pendant la campagne des élections européennes, comme l’avait repéré l’émission « Quotidien », il avait repris plusieurs formules employées par Emmanuel Macron dans son débat de l’entre-deux-tours de 2017… face à Marine Le Pen.

Mais la volonté de mimer le Macron de 2017 ne s’arrête pas là. Comme le chef de l’Etat, M. Bardella juge que les partis sont une forme dépassée, nourrit une franche admiration pour les grands patrons et capitaines d’entreprise, a tenté de se forger une identité technophile – sans se pencher sérieusement sur le sujet. Le jeune leader du Rassemblement national (RN) se revendique, sérieusement et sans rien renier de ses obsessions identitaires, « candidat de la raison face aux extrêmes », tout en portant un programme remettant en cause des points fondamentaux de l’Etat de droit, les traités européens ou l’équilibre budgétaire.

Surtout, ses emprunts à M. Macron sur la politique économique se multiplient : baisse des impôts, simplification des normes… Et leur seul vrai marqueur d’opposition économique – l’abrogation de la réforme des retraites – semble s’éloigner de jour en jour. Une ligne qu’il synthétise dans le Financial Times, quotidien économique britannique, qui lui a consacré un article le 26 juin.

Cette évolution ne doit rien au hasard. C’est le résultat du grand chambardement que la droite et l’extrême droite ont connu depuis près de quinze ans et l’arrivée de Marine Le Pen sur le devant de la scène politique : la droite parlementaire, sous pression de la progression du Front national, puis du RN, s’est de plus en plus alignée sur les propositions sécuritaires et anti-immigration des lepénistes. Ces derniers devaient, eux, garder leur spécificité populiste pour se différencier de la « vieille droite » décrite comme élitiste et coupée du pays. Ce fut ainsi la marque de fabrique de Mme Le Pen. Sans jamais vouloir remettre en cause le système capitaliste, la prétendante à l’Elysée critiquait le « mondialisme », et notamment la liberté de circulation et les multinationales étrangères.

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