Vote d’adhésion ou repoussoir : à Marseille, le bulletin RN pousse les électeurs aux urnes
En cette fin de matinée, il faut bien patienter vingt minutes entre l’isoloir et l’urne, dans le bureau 1261 installé au sein du gymnase de la Bombardière, dans les quartiers est de Marseille. La participation est déjà forte et atteint 26,53 % des 1 383 inscrits à 12 heures. Vingt minutes, c’est le temps que passe peu après midi la secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté et de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, élue de justesse face au RN dans cette 1re circonscription des Bouches-du-Rhône en 2022, pour déposer son bulletin avant de s’offrir quelques selfies avec des électeurs.
A la sortie du bureau, beaucoup refusent de commenter leur vote. Moussa Ghezal, 47 ans, venu avec Inaya, sa fille de 6 ans n’a, lui, « pas peur de dire » qu’il vote RN. Cheveux peroxydés, tee-shirt et salopette impeccables, ce chef cuisinier originaire de la région parisienne vit à Marseille depuis cinq ans. « C’est la première fois que je viens voter, assure-t-il. Ce qui m’a motivé, c’est que je veux que l’on mette un point final à toute cette insécurité. Ce pays a perdu beaucoup de valeurs, a été laxiste avec l’immigration et il faut remettre de l’ordre. » « Et pour qu’une personne comme moi en arrive à choisir l’extrême droite, c’est que le problème est réel », souligne-t-il.
« La sécurité pour les Français, c’est un programme que tout le monde souhaite… Mais on peut imaginer que le RN ira beaucoup plus loin s’il accède au pouvoir », s’inquiètent de leur côté France et Jacques Culot, 58 ans et 62 ans, venus ensemble, comme à chaque élection. « J’ai une peur bleue de la montée du RN. Pour mes trois enfants et mes petits-enfants », assure le second, d’origine malgache et bénévole au Celtic de Beaumont, le célèbre club de football du coin. « Ce qui me motive, c’est de faire barrière au RN », abonde son épouse.
Même motivation pour Ludovic Boccaccio, 23 ans, étudiant, qui souhaite, par son vote, « lutter contre le racisme et la haine ». « Ce qui m’embête, c’est de voir qu’il y a très peu de jeunes qui votent. Et que des personnes âgées vont décider de notre avenir. »
Médecin généraliste, Jean-Paul Sinanian, 64 ans, redoute, lui, de voir sortir de ces législatives « un pays ingouvernable ». « Dans une semaine, on peut se réveiller avec un gros mal à la tête. Que ce soit à cause de l’extrême droite, de l’extrême gauche ou de la majorité présidentielle, qui n’écoute pas le peuple avec un Macron coupé de la réalité », souffle ce Marseillais qui rêve d’une « coalition centriste et apaisée » pour diriger le pays.