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« La stabilisation de la dette demandera des efforts inédits dans l’histoire des finances publiques françaises »

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La dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s le 31 mai, tout comme la commission d’enquête parlementaire lancée le 7 mai sur l’origine de la dégradation des comptes publics, a placé la dette publique, juste avant la dissolution de l’Assemblée, au centre du débat politique : la difficulté à faire voter le budget par un Parlement paralysé a sans doute joué un rôle dans la décision présidentielle. Il faudra, dans la nouvelle assemblée, un débat politique profond sur l’orientation des finances publiques, car c’est la condition de l’acceptation sociale des efforts à venir.

En effet, le risque d’une dette publique élevée est la paralysie politique, comme en Italie ou au Japon. Les charges d’intérêt sur la dette italienne sont telles que l’essentiel de­s hausses des recettes va au paiement des intérêts, laissant peu de place aux autres politiques contre le réchauffement climatique ou l’investissement public. L’absence d’investissement et de croissance suscite une hausse des taux italiens sur la dette publique, du fait de la défiance des épargnants, ce qui augmente encore le coût de la dette. Cette hausse des taux commence à être observée en France. Il faut créer une marge de manœuvre budgétaire en France dès maintenant pour permettre les politiques nécessaires demain. Ainsi, la politisation de la dette doit dépasser les postures, tant les changements devront être importants.

Pour commencer, pourquoi la dette publique de la France a-t-elle autant augmenté ? De 65 % en 2007, elle atteint 111 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, soit une hausse de 56 points de PIB. L’analyse de cette progression de la dette française par trois méthodes différentes montre que la moitié de la hausse depuis 2007 provient de la réaction aux crises économiques. L’autre moitié provient de déséquilibres structurels entre les dépenses et les recettes de l’Etat.

Récupérer l’argent public

Crise après crise, les plans de relance, les baisses d’impôt et les soutiens financiers apportés par l’Etat ont aidé à réduire les effets négatifs des crises. C’est nécessaire, mais il faudrait savoir récupérer l’argent public une fois la crise passée, ce que les gouvernements, ni de gauche ni de droite, n’ont su faire. Les crises économiques sont des marches d’escalier pour la dette publique, sans que l’on voie la dette baisser une fois la crise passée.

Un exemple concret montre cette difficulté spécifiquement française. En juillet 2020, le gouvernement allemand a mis en place une baisse transitoire de la TVA pendant six mois. L’intérêt de cette mesure est son caractère transitoire. Comme une période de solde nationale, elle induit une hausse de la consommation qui soutient l’économie.

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