Le Rassemblement national (RN) ne fait, depuis longtemps, plus grand cas d’Emmanuel Macron. « Un monarque républicain, déchu, qui avance la chemise ouverte et la corde au cou jusqu’à la prochaine dissolution », dépeint Philippe Olivier, eurodéputé et conseiller de Marine Le Pen. « Pour nos électeurs, le problème n’est pas Michel Barnier, qui n’est qu’un paravent. Le problème, c’est Emmanuel Macron », renchérit le député de Moselle Kévin Pfeffer, proche de Jordan Bardella. Un chef de l’Etat isolé, dépourvu de majorité, que le mouvement d’extrême droite assume de cibler à travers la chute de Michel Barnier, en associant, mercredi 4 décembre, ses voix à celle de la gauche pour faire tomber le gouvernement.
En s’apprêtant à voter la motion de censure, le RN enclenche un compte à rebours. « On va suivre le fonctionnement normal des institutions, énonçait Marine Le Pen auprès du Monde jeudi 28 novembre. S’il y a un gouvernement qui tombe, puis un deuxième, puis un troisième, il faudra se poser la question » des options constitutionnelles à la disposition du président de la République. Et de souligner que, selon elle, seule la démission permettrait de dénouer la crise institutionnelle. Officiellement, Marine Le Pen « [se] méfie des rodomontades ». Mais lorsqu’on lui demande s’il serait préférable, selon elle, qu’Emmanuel Macron ne finisse pas son mandat, elle répond : « Très certainement, bien entendu. »
En cédant aux sirènes de son électorat populaire, qui, depuis plusieurs mois, lui réclame la tête de Michel Barnier, le RN apprend à composer avec ses nouvelles responsabilités. Dès que son intention de voter la censure a été annoncée, le parti présidé par Jordan Bardella a dû répondre aux alertes du monde économique sur le risque d’instabilité financière et aux messages d’incompréhension adressés par plusieurs représentants patronaux. « Une zone de turbulences » que les troupes de Marine Le Pen ne veulent pas aggraver en sollicitant trop bruyamment l’abrègement du mandat d’Emmanuel Macron.
Plusieurs proches de Marine Le Pen mettent en garde contre la tentation de l’appel à la démission et plaident pour patienter jusqu’à l’organisation de nouvelles élections législatives, en septembre. « Nous ne sommes pas des agités, justifie Philippe Olivier. On en reparlera le jour où l’appel à la démission, qui commence à monter dans nos rangs et au-delà, sera massif. Pour l’instant, à Macron de récupérer la patate chaude [de la censure] et de gérer les pressions. »
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