Le groupe LR divisé face à une éventuelle motion de censure

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A droite, le chiffre 58 renvoie au retour au pouvoir du général de Gaulle et aux débuts de la Ve République. Soixante-six ans plus tard, ses lointains héritiers brandissent la menace d’une motion de censure prévue dans sa Constitution mais doivent, avant, trouver 58 signatures de députés pour la déposer. Une formalité ? « Si on devait déposer une motion, on les aura, ce n’est pas le sujet », balaie le chef du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, intarissable sur le « dérapage financier du gouvernement ».

Mais, avec 61 élus, LR ne bénéficie d’aucune marge de manœuvre. Maudites au moment de voter la réforme des retraites en 2023, les divisions de la droite constituent peut-être aujourd’hui l’assurance-vie du gouvernement. « Nous sommes un tiers du groupe à ne pas être favorables au dépôt d’une motion », avance Nicolas Forissier. Le député de l’Indre défend depuis 2022 l’idée d’un pacte de coalition avec la Macronie et regrette de voir son parti tomber dans une culture d’opposition.

En privé, d’autres disent aussi leur refus d’apposer leur paraphe. L’un d’eux n’a pas envie de jouer avec le feu. « Marleix dit qu’Emmanuel Macron ne va jamais dissoudre avant les européennes [le 9 juin] ou les Jeux olympiques [en juillet-août], mais le président de la République est trop joueur pour qu’on prenne ce risque. » Combien sont-ils à raisonner ainsi ? Selon Alexandre Vincendet, « bien assez pour ne pas pouvoir déposer une motion ».

LIOT, « armée de réserve »

Exclu du groupe LR en mars, le nouveau député Horizons du Rhône assure percevoir la méfiance « des troupes vis-à-vis du commandement éclairé des chefs », à savoir Olivier Marleix et le président de LR, Eric Ciotti. « Ils veulent faire tomber le gouvernement, mais en cas de législatives anticipées, leur sondage secret [révélé en mars par Le Nouvel Obs] leur donne une dizaine de députés en moins. Allez expliquer à ceux qui risquent de perdre leur siège qu’il faut signer cette motion de censure. Bon courage. »

« Même chez les plus bienveillants à l’égard du gouvernement, il y a une envie d’en découdre qu’il n’y avait pas il y a quelques mois », admet Philippe Gosselin. Plutôt réticent à déposer une motion avant les européennes, le député de la Manche voit la défiance à l’égard du gouvernement monter dans son groupe LR. « Le budget présenté était manifestement insincère, et la figure du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, crispe beaucoup chez nous », note-t-il.

Assez pour arriver au chiffre magique de 58 ? Partisan assumé de la censure, Pierre-Henri Dumont a fait ses comptes. « On a trop de chutes pour trouver les 58 chez nous, admet l’élu du Pas-de-Calais. Les récalcitrants sont dix ou douze plutôt que vingt, mais cela n’empêchera pas de la déposer ni de la voter » : « Si on ouvre à quelques non-inscrits et aux LIOT [Libertés, indépendants, outre-mer et territoires], ça passe sans problème », assure-t-il. En interne, certains qualifient les 21 membres du groupe LIOT d’« armée de réserve ». Des discussions existent-elles déjà entre les deux groupes ? « Si c’était le cas, je ne vous le dirais pas », répond Eric Ciotti avec un grand sourire.

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