Home Politique Le récit d’un « ensauvagement » de la France profite-t-il à l’extrême droite ?

Le récit d’un « ensauvagement » de la France profite-t-il à l’extrême droite ?

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Thomas, Shanon, Nahel, Matisse, Shemseddine, Enzo : certains prénoms résonnent désormais de façon particulière dans l’inconscient collectif. Ceux d’enfants et d’adolescents qui ont perdu la vie en France ces douze derniers mois dans des circonstances tragiques, et dont les histoires, diverses, ont en commun d’avoir agité le débat public. Comme rarement, l’actualité de l’année passée, ouverte avec les émeutes urbaines de juin et juillet 2023, a été marquée par l’irruption de nombreux faits divers à forte charge émotionnelle.

Ils ont nourri une interrogation globale sur une possible croissance de la violence, de la délinquance et de l’insécurité dans la société française, notamment chez les mineurs, un thème dont le premier ministre depuis janvier, Gabriel Attal, a voulu faire un marqueur politique. Le viol à caractère antisémite d’une fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine), samedi 15 juin, a encore ébranlé l’espace public. Ces événements pèsent-ils dans le vote en faveur de l’extrême droite ?

A cette question, il n’est pas possible d’apporter une réponse définitive. Faute de recul sur les élections européennes du 9 juin, aucun travail de recherche suffisamment vaste et sérieux n’a évidemment pu être mené. Il viendra plus tard. Restent des indices, communiqués notamment par les sondages d’opinion. D’après une étude de l’institut Ipsos, menée en ligne auprès de 9 000 personnes juste avant le scrutin, la « sécurité des biens et des personnes » n’est que le sixième sujet de préoccupation des Français, cité par 21 % des gens interrogés.

Ce résultat est en phase avec celui de la dernière livraison, en octobre 2023, de l’enquête annuelle sur les « fractures françaises », réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne : le niveau de la délinquance était cité comme le cinquième sujet dans l’ordre des priorités, loin derrière le pouvoir d’achat mais assez proche des autres enjeux majeurs (environnement, système social, immigration).

« Ce constat est à nuancer selon les préférences politiques. Plus les électeurs sont à droite, plus l’enjeu est important pour eux », prévient Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos. La sécurité est un facteur de mobilisation important pour les électeurs du Rassemblement national (RN) et de Reconquête !. Mais elle ne se limite pas à cette seule tranche de la population, alors que le pays dans son ensemble vit dans un « climat d’opinion anxiogène », selon Mathieu Gallard : « L’impression que la société est violente est partagée par tout le monde. » D’après l’enquête sur les « fractures françaises », 91 % des Français ont ce sentiment, et la part de ceux qui jugent la société « très violente » est en forte hausse, de 7 points sur un an.

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