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le sursaut salutaire du front républicain

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En moins de quarante-huit heures, la physionomie du second tour des élections législatives a profondément changé. Au terme d’un important mouvement de désistements, le nombre de circonscriptions dans lesquelles trois candidats devaient s’affronter dimanche 7 juillet s’est considérablement réduit. De 306, les triangulaires sont tombées à 89 sous l’effet du retrait volontaire de 224 candidats. Ils s’étaient qualifiés le 30 juin mais ont finalement renoncé à concourir pour optimiser les chances de concurrents mieux placés qu’eux de battre, en duel, le Rassemblement national (RN).

Alors que l’extrême droite est au seuil du pouvoir, la reconstitution rapide d’un front républicain ressemble à un sursaut salutaire. Elle contraste avec le dangereux étiolement dont celui-ci souffrait ces dernières années. Certes, Les Républicains (LR), de plus en plus perméables aux idées du RN, se sont d’emblée tenus à l’écart de l’initiative en prônant un « ni-ni » (ni consigne de vote ni désistement) qu’aucun de ses candidats n’a cru bon de contester. Les contorsions dans le camp présidentiel ont bien failli aussi limiter sa portée tant il est apparu impossible à certains responsables issus de la droite, Edouard Philippe, Bruno Le Maire notamment, de plaider pour le désistement en faveur de candidats La France insoumise (LFI) lorsque ces derniers étaient les mieux placés pour battre le RN.

Au bout du compte pourtant, une dynamique s’est enclenchée, amplifiée à gauche par la discipline quasi exemplaire de ses élus, qui, à quelques exceptions près, ont accepté de s’effacer derrière des candidats macronistes en meilleure situation qu’eux.

La tonalité de la campagne s’en ressent. Offensif et conquérant avant le premier tour, le RN, apparaît entravé à l’aube du second. Ses chances d’obtenir la majorité absolue dimanche s’amenuisent parce que les duels qui lui sont imposés par désistement permettent à ses adversaires de bénéficier de réserves de voix dont il ne dispose pas.

Vulnérabilité des formations politiques

La résurgence d’un large front républicain allant de LFI aux macronistes, en passant par le Parti socialiste, les Verts, le Parti communiste, intervient au moment où plusieurs candidats RN se sont illustrés par des propos ouvertement racistes et antisémites. Le président du parti, Jordan Bardella, qui tentait de conquérir Matignon en faisant de Jean-Luc Mélenchon un repoussoir, se retrouve sur la défensive, obligé de plaider sans convaincre des « erreurs de casting ».

La naïveté n’est cependant pas de mise. Ce n’est pas parce que des états-majors politiques, sidérés par la dynamique lepéniste, ont été capables en deux jours d’oublier leurs différends pour défendre les valeurs de la République que le danger est écarté. Scrutin après scrutin, les électeurs ont tendance à s’affranchir des consignes. Certains, dont le candidat a dû s’effacer, peuvent être rebutés par le choix final qui leur est imposé et décider de bouder les urnes. Le RN, s’il voit sa dynamique cassée, ne manquera pas quant à lui de dénoncer les « arrangements » entre partis qui l’ont privé de la victoire qu’il espérait.

La vulnérabilité des formations politiques qui combattent l’extrême droite est d’autant plus forte que, à supposer que le front républicain remplisse son office, il existe un réel risque d’ingouvernabilité de l’Assemblée nationale, faute d’accord entre les partis qui le composent.

Pour le conjurer, des hypothèses sont depuis quelques jours avancées allant de la recherche de majorités de projets (Gabriel Attal) à l’élaboration d’une grande coalition (Yaël Braun-Pivet) en passant par la recherche d’accords au minimum pour une durée d’un an (François Hollande). A ce stade, cependant, aucun projet n’a de réalité suffisamment tangible pour déjouer l’atmosphère de crise politique qui prévaut depuis la dissolution. La situation reste inquiétante.

Le Monde

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