Home Politique Les vies rêvées de Malika Sorel-Sutter, la dauphine identitaire de Jordan Bardella

Les vies rêvées de Malika Sorel-Sutter, la dauphine identitaire de Jordan Bardella

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Depuis son ralliement à Jordan Bardella, Malika Sorel-Sutter, deuxième sur la liste du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, se dit victime de discrimination. Celle qui a dénoncé à longueur d’essais « la préférence étrangère » – expression fétiche de l’extrême droite identitaire depuis quarante ans – explique désormais au Monde être la cible d’attaques en raison de ses origines maghrébines : « Il n’y a pas beaucoup d’enfants d’immigrés de ma stature. Ces attaques visent les enfants d’immigrés intégrés. Quand on est de mon origine et que l’on sort de la case misérable, que l’on ne mendie pas, on nous discrédite, on nous délégitime car on détruit le schéma mental d’une partie de la presse. »

De quelles attaques parle cette femme aux cheveux noirs, Légion d’honneur épinglée au revers de la veste ? De la révélation dans Le Canard enchaîné de textos envoyé en janvier à Emmanuel Macron dans lesquels elle lui suggère vivement de la nommer au ministère de l’éducation nationale. La voilà soupçonnée d’opportunisme politique.

S’il fallait dresser le portrait-robot de la recrue rêvée du RN en 2024, il aurait les traits de Malika Sorel-Sutter. Réputation d’intellectuelle, associée à la droite républicaine, issue de l’immigration. Ainsi que la décrit Jordan Bardella sur France 5 : « Une grande intellectuelle française qui a servi la République depuis plusieurs années. Elle a servi Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, François Fillon, a travaillé avec des gens qui, à gauche, sont venus la consulter. » Le curriculum vitæ est flatteur. Si l’on en croit la quasi-totalité de la vingtaine de témoins interrogés par Le Monde, il est aussi très enjolivé. Une tendance à l’exagération guidée, selon les versions, par « une conception messianique de son rôle », « un immense besoin de reconnaissance » ou « une mythomanie ». « Ces gens sont terrorisés, ils ont peur pour leurs réseaux. On ne m’enlèvera pas ce que j’ai fait », se défend Malika Sorel-Sutter.

Ses livres ne mentent pas, comme son discours depuis plus de quinze ans : Malika Sorel-Sutter a toujours récité le bréviaire identitaire et porté des concepts-clés de l’extrême droite. Qu’il s’agisse de « la malédiction du droit du sol », de la progressive « mise en minorité du peuple autochtone », de l’impossible intégration de populations extra-européennes, du lien entre immigration et insécurité, du soupçon de double allégeance, de l’erreur funeste « de la culpabilisation-repentance » ou de la discrimination positive. Dans ses échanges avec Le Monde, elle se révèle obsédée par la couleur de peau des Français, systématiquement divisés entre « de souche » et issus de l’immigration extra-européenne.

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