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« L’idée d’un front ou d’un axe républicain supposé faire barrage à l’extrême droite ne tient plus »

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Dans le paysage politique français existent non pas une seule mais deux radicalités extrémistes de droite, l’une et l’autre apparues dans le contexte des années 1980.

La première, c’est une évidence, est nationaliste. Elle est portée par le Front national, le FN, devenu Rassemblement national (RN), en 2018, et accessoirement, par Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour. Avant l’élection municipale partielle de Dreux (Eure-et-Loir), en 1983, et les élections européennes de 1984, le FN, né en 1972, était groupusculaire. Le thème de l’immigration, nouveau pour lui, en fait alors un parti avec lequel il faudra désormais compter.

La seconde radicalité est « républicaniste ». Elle n’a pas d’expression partisane, tout au plus de modestes collectifs comme le Printemps républicain, fondé en 2016, ou l’Observatoire du décolonialisme, créé en 2021, aujourd’hui des idéologies identitaires. Elle a trouvé ses premières expressions à gauche autant qu’à droite.

Au départ, dans les années 1980, il s’agit d’un raidissement intellectuel et politique qui procède d’inquiétudes venues de la crise naissante des institutions de la République et de l’émergence de l’islam en France. L’émergence de différences culturelles demandant sur un mode parfois victimaire à être reconnues semble alors mettre en cause le « modèle républicain d’intégration ». Se montrer à leur écoute, c’était se constituer en multiculturaliste « traître » ou « casseur » de la République, comme l’écrit assez tôt le journaliste Christian Jelen.

Vocabulaire fédérateur

Avec l’« affaire du foulard », en 1989, un sentiment de menace se diffuse : l’islam, indissociable de l’immigration, commence à faire débat, et Lionel Jospin, alors ministre socialiste de l’éducation nationale, se voit reprocher un « Munich de l’école républicaine » pour avoir adopté une position prudente face au voile islamique.

La critique ensuite se durcit avec l’émergence de l’islamisme et du terrorisme : l’islam et l’immigration ne seraient-ils pas incompatibles avec les valeurs universelles qu’incarne la République ? Les musulmans, les immigrés, incapables de s’intégrer, ne seraient-ils pas source d’insécurité culturelle ? Avec l’appui d’une gauche au mieux naïve, et en fait criminelle, ne menaceraient-ils pas la laïcité, en refusant l’égalité des hommes et des femmes et en empêchant la démocratie de fonctionner ?

Cette critique a trouvé récemment un vocabulaire fédérateur avec la dénonciation du « wokisme », ce fourre-tout s’en prenant à l’« islamo-gauchisme », à la « cancel culture », à la « théorie critique de la race », à la « théorie du genre », au « décolonialisme », au « postcolonialisme », à l« intersectionnalité » ou, pour faire bonne mesure, à l’« écriture inclusive ». Souvent, elle s’associe au souverainisme.

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