Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à se rendre en Allemagne pour une visite d’Etat, du dimanche 26 au mardi 28 mai, le président français et son hôte, le chancelier Olaf Scholz, auront une nouvelle fois à cœur de relancer une relation franco-allemande dégradée. Face aux défis auxquels doit faire face l’Europe – la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, le décrochage économique vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine, le réchauffement climatique… –, l’enjeu est de taille, tant la vitalité de ce couple est primordiale pour la dynamique communautaire.
Paris et Berlin sauront-ils, après les élections européennes, organisées du 6 au 9 juin, trouver un nouveau souffle ? La tâche s’annonce d’autant plus difficile que la France comme l’Allemagne ne devraient pas, dans les prochains mois, être en position de force sur la scène européenne. Depuis qu’Olaf Scholz s’est installé à la chancellerie, en décembre 2021, il ne s’est que modérément investi à Bruxelles, et il y a peu de raisons que cela change, bien au contraire. Quant à Emmanuel Macron, il aura, dans les trois ans qu’il lui reste à passer à l’Elysée, beaucoup plus de mal à imposer les idées françaises. Des deux côtés du Rhin, le capital et l’énergie politiques pourraient manquer pour faire changer une Europe menacée de toutes parts.
Ces dernières années, Paris a sans conteste largement influencé la vie de l’Union européenne (UE). Du plan de relance européen post-pandémie à l’achat en commun de vaccins ou de gaz, de l’adoption d’une régulation numérique et d’instruments de défense commerciale à la réhabilitation du nucléaire ou à l’ébauche d’une politique industrielle, les Vingt-Sept ont, depuis 2019, pris des initiatives inédites qui font largement écho à l’« Europe souveraine » dont rêvait Emmanuel Macron lorsque, fraîchement élu, il délivrait son premier discours de la Sorbonne, en septembre 2017.
De retour dans le grand amphithéâtre de l’université parisienne, le 25 avril, le président n’a, à l’écouter, rien perdu de son ambition pour une Europe qui doit être « puissante » si elle ne veut pas « mourir ». Toujours désireux de bousculer ses partenaires, à commencer par l’Allemagne, il propose de remanier en profondeur les politiques monétaire, budgétaire, commerciale et industrielle de l’Union.
Mais cela tombe mal, car « la France a vécu sa meilleure période en termes d’influence », reconnaît un proche de l’Elysée, et il lui sera bien plus difficile de peser, comme elle a pu le faire ces cinq dernières années, sur la prochaine législature. « Signe de cette perte d’influence, juge Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors, le second discours de la Sorbonne a fait un peu flop, il n’a pas suscité de débat chez ses homologues, c’est un non-événement. »
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