Pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron va se servir « des commémorations du Débarquement pour faire campagne »
La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, était l’invitée ce matin des « 4 Vérités » sur France 2, pour défendre la liste portée par Jordan Bardella. Alors que le parti d’extrême droite souhaite faire de cette élection un « référendum anti-Macron » et que sa liste est pour l’instant donnée largement en tête dans les sondages (à 33 % dans notre dernière enquête électorale), Mme Le Pen a estimé : « Il faudra d’abord constater [dimanche soir] que les Français ne veulent plus de l’Union européenne telle qu’elle est construite depuis plusieurs années », et plus particulièrement de « [l’]Europe d’Emmanuel Macron ».
« A partir du moment où le premier ministre entre dans la campagne comme il l’a fait, au point d’arracher le micro à sa candidate pour parler à sa place, je suis désolée, mais il engage sa responsabilité », a répété Marine Le Pen au sujet de Gabriel Attal, estimant que si la liste du camp présidentiel n’emporte pas l’élection, il devra quitter Matignon. « Il en est de même pour le président de la République, s’il se sert des cérémonies du Débarquement pour en réalité faire la campagne des européennes », a encore jugé la députée, appelant de nouveau M. Macron à dissoudre l’Assemblée nationale en cas d’échec criant pour son camp le 9 juin au soir. Un scénario que l’exécutif balaie, argumentant que les élections européennes ne sont pas des élections législatives.
Interrogée au sujet de la voie baptisée « rue du Brexit » à Beaucaire, une commune gérée par le maire RN Julien Sanchez, Mme Le Pen a esquivé la question, répondant : « C’est le respect de la démocratie, parce que quoi que décident les peuples, ils ont raison quand ils le décident. » Quant aux positions pro-Kremlin de l’eurodéputé RN Thierry Mariani, Marine Le Pen a déclaré que c’était elle et Jordan Bardella « qui détermin[aient], encore, la ligne d[u] mouvement et les votes de [ses] groupes respectifs (…). Ça reste une voix discordante par rapport à une cohérence qui est celle que nous avons, Jordan et moi. »
Elle a enfin essayé de minimiser le tollé provoqué par l’affiche du parti pour les élections européennes barrée de la mention « Je suis gendarme, je vote Bardella ». Dimanche, le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Christian Rodriguez, a dénoncé une entorse au « statut militaire ». « C’est tout une série de visuels qui ont été faits à destination d’une profession (…). Les gendarmes ne sont pas des sous-citoyens, ils ont le droit de vote. (…) Moi, je n’ai pas compris le scandale [ni] la violence qui a été utilisée par le patron de la gendarmerie », a-t-elle répondu.
« Pas de leçon d’électoralisme de la part de Reniassance, je vous en supplie, surtout avant les trois jours que l’on va avoir avec le président de la République qui va instrumentaliser les commémorations du Débarquement pour faire sa campagne », a-t-elle encore balayé. Elle a toutefois fait savoir que le RN ne saisirait pas l’Arcom, comme l’ont fait d’autres partis, pour dénoncer la tenue de la grande interview présidentielle prévue jeudi soir sur France 2 et TF1, à trois jours du scrutin européen.