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« Moi, je n’ai jamais connu le RSA. J’ai toujours travaillé », raconte Sadia, assistante de vie immigrée

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Ce matin, Sadia Salaouandji a accompagné un homme de 93 ans à l’hôpital. Il souffre d’une infection urinaire. Elle sait que sa présence auprès de lui, comme assistante de vie, est essentielle. Elle le dit, d’ailleurs : « Nous, les immigrés, nous sommes une pièce maîtresse dans beaucoup de domaines. » Cette Franco-Algérienne de 56 ans est arrivée en région parisienne en 2006 « pour avoir une vie meilleure ». Naturalisée en 2019, elle souffre d’entendre les débats qui animent la campagne électorale des législatives.

« La montée du Front national [ancien nom du Rassemblement national, RN], qui est un parti raciste et xénophobe, ça fait un peu mal », souffle-t-elle, pudique. Alors que l’extrême droite dénonce le « coût de l’immigration » et la transformation de la France en « guichet social », Sadia Salaouandji rétorque qu’elle, « n’[a] jamais connu le RSA [revenu de solidarité active]. J’ai toujours travaillé. Et mon fils, qui a un BTS en mécanique, ne connaît pas le chômage ». Le président du RN, Jordan Bardella, est selon elle « à côté de la plaque ».

« Il ne connaît pas le réel », abonde Sabrina (qui a souhaité conserver son anonymat), aide-ménagère de 34 ans en région parisienne, arrivée d’Algérie en 2018. « Moi, je paye 23 % de charges sur mes revenus et tous les immigrés que je connais travaillent », explique cette autoentrepreneuse affiliée à la plate-forme de services d’aide à domicile Wecasa.

Sabrina veut « avancer », créer son entreprise dans le nettoyage. Elle attend juste une meilleure situation administrative, car elle n’a pour le moment qu’un récépissé de demande de titre de séjour, qui l’autorise néanmoins à travailler. Elle trouve la période « ultra-stressante ». « Quand je vois ce que les gens pensent [des immigrés], je me demande comment on va rester », confie-t-elle.

« Le repli sur soi est mortifère »

A rebours du RN et de son hostilité à l’égard de l’immigration, l’économie a un besoin croissant de travailleurs étrangers. La Fédération des particuliers employeurs (Fepem) a, par exemple, chiffré à 800 000 emplois ses besoins d’ici à 2030, auprès de personnes dépendantes ou de jeunes enfants. « Que le chômage soit haut ou bas, qu’on soit en 1970 ou 2020, nous avons toujours eu entre 20 % et 25 % de travailleurs immigrés dans notre secteur », relève Pierre-Olivier Ruchenstain, directeur général de la Fepem. Une réalité commune à d’autres métiers. Les immigrés représentent déjà plus de 28 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment ou encore 22 % des cuisiniers, selon une étude de 2021 de la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares).

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